L'image Nazie du jour (Page 127 sur 130)

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Ben moi ça marche.

J’ai un ami nazi modéré.

Il est gentil, serviable, avenant, c’est un amour. Toujours là pour aider son voisin, un inconnu dans la rue. Souriant, affable, il aime discuter avec les gens, partager les idées, parler des oiseaux, c’est un ornithologue amateur. Dans les parcs, il partage sa passion avec les enfants, leur montrant les beautés de la nature. Il aime tellement les animaux. D’ailleurs, il ne mange pas de viande, il ne veut pas faire du mal à nos amis les bêtes.

C’est un enseignant. Un très bon enseignant, professionnel, compétent. D’une douceur sans égal, patient, disponible, excellent pédagogue. Ses élèves l’adorent. Il est tellement sympathique. Hans est juste déçu de ne pas pouvoir enseigner habillé de sa plus belle chemise brune. Il ne comprend pas ce que les gens ont contre les chemises. Il y a bien  des collègues qui portent des pulls et on ne leur dit rien.

D’après lui, Mein Kampf est un incontournable, merveilleusement bien écrit, sauf qu’il ne l’a jamais lu. Il n’en connaît pas le contenu, juste ce que ses amis et le chef de section de son parti lui ont raconté. Quand on tente de lui lire des passages, il nous explique qu’on a mal traduit l’allemand ou que cela a dû être modifié par des sionistes pour mal faire paraître le Führer. Bref, il ne nous croit pas. Il se vexe.

Il n’a rien contre les pancakes d’ailleurs. Il nous explique que ces gens peuvent vivre librement leur religion, ça ne lui pose aucun problème, nous sommes dans une démocratie. Quand je lui rappelle que son idéologie est antisémite, il me dit que c’était dans un contexte précis, nous ne sommes plus en 1930. En 2024, ce n’est plus pareil. De toute façon, les lois du pays interdisent que nous les détestions. Par contre, sans nous l’exprimer clairement, pour lui, il est  hors de question que sa fille en épouse un, il ne faut pas exagérer. Ça ne se fait pas dans la famille. Ça ne s’est jamais fait. La tradition, il faut respecter comment nos anciens vivaient.

Quand on parle des femmes, c’est un peu plus tendu. Il trouve que nos femmes aujourd’hui sont dévergondées, impudiques. Il considère, comme son Guide, que la femme est la mère du peuple, sa place est à la maison, à élever les enfants qui ramèneront la grandeur de la communauté, les troupes d’élite de demain.

Je lui demande alors ce qui se passerait si ce régime fasciste revenait au pouvoir. Là, il m’explique que ce serait différent. La loi serait changée, la démocratie permettrait de faire cela, s’ils sont maintenant majoritaires, ça ne serait plus un problème.

Mais ça reste un bon gars. On rigole bien ensemble, tant qu’on n'aborde pas son idéologie mortifère, raciste, antisémite, homophobe, misogyne. 

Je dis tant qu’on n'aborde pas son idéologie, parce que sinon, exceptionnellement, il peut devenir mauvais. Houla ! Le bougre commence à voir rouge.
Critiquer ses doctrines, remettre en cause son idéologie, s'en moquer, dénoncer les dérives fascistes de sa communauté, les attentats violents, les exécutions, ça le fâche ! Tout comme il trouve difficile de voir qu'on insulte, qu'on critique, qu'on ridiculise son guide. C'est un modèle à suivre, c'était un homme bon, c'est juste qu'on ne comprend pas son époque et le contexte. Encore ce foutu contexte. 

Il ne faut pas faire d’amalgame. Tous les nazis ne se ressemblent pas. D'ailleurs, l'écrasante majorité ne commentent pas de crime. Et ce serait odieux de lui demander de dénoncer les autres, ceux de son groupe et ses textes sacrés qui mènent à ce genre de comportement. Ce n'est qu'une infime minorité.
Il m’explique que les nazis qui commettent des crimes ne sont pas de vrais nazis. Les vrais sont pour l’ordre, ils respectent la loi, ils ne feraient pas cela. Les vrais ne prennent pas de drogue, n’en vendent pas non plus. Se sont sûrement des déséquilibrés, des perdus. Et puis, il faut que j’arrête. Il y a des limites. Critiquer et se moquer du nazisme, c’est comme insulter sa famille, c’est comme l’insulter lui, c’est faire preuve de manque de respect.

La naziphobie est inacceptable.