[lecture] now reading (Page 165 sur 169)

Uranus, un roman de Marcel Aymé paru en 1948.

Marcel Aymé avait des gonades.

Il en fallait, et des bien accrochées pour publier quelques années seulement après l'épuration un roman se situant à cette période.

Roman tout sauf manichéen, chaque personnage se révèle dans l'épreuve, parfois supérieur, parfois inférieur à l'idée qu'il avait de lui-même, toujours profondément humain.

Aymé attaque les communistes, mais aussi les fascistes et les collaborateurs. Il dénonce l'hypocrisie d'une France largement marechaliste qui prétend désormais toujours avoir été gaulliste.  La galerie de portraits qu'il réalise est sympa, même si parfois archetypale (la jeune fille, l'intellectuel communiste), mais les personnages sont tous attachants (mention spéciale à Leopold, le bistrotier tournant à 20 litres de blanc par jour, devenu fana de Racine en écoutant les cours du collège qui, rasé par un bombardement allié, ont lieu dans son troquet, rt décidé à écrire une suite d'Andromaque dont il tient le premier vers
: "Passez-moi Astyanax on va filer en douce".

5 collaborateurs protégés sur 5.

C'est pas un livre de Depardieu plutôt ?

Bidule notera que j'encense un putain de noble ici : DE waresquiel. Possesseur d'un château et donc de droite. Ca ne l'empêche pas d'être brillant.

De très beaux présents

Jette moi tout ce merdier et commence Talleyrand, un livre magnifique.

Pareil, c'est pas la période la plus facile à suivre. Raison de plus pour lire des livres excellents dessus et rêver de ce que ce serait La France/Le Monde si Napoléon reste tranquille dès son premier exil : La Restauration fonctionne et la France devient doucement une monarchie constitutionnelle : aimé par le peuple, appuyé par les libéraux. Pas de Terreur Blanche puisque les Ultra-royalistes ne finiront pas au pouvoir, pas d'assassinat du neveu du roi et un durcissement de la monarchie et peut-être même un rapprochement entre un Louis XVIII finissant et le futur Charles X.

En vrai ? oui je le pense. Pour la France en tout cas : des révolutions tous les 3 mois, un nombre impressionnant de changements de régimes, le basculement de la société française d'ancien régime sur "autre chose", les relations internationales improbables et, bien sur, les guerres (Contre toute l'Europe avec Napoléon, contre la Prusse puis l'l'Allemagne, contre nous-même parfois). T'as aussi l'émergence des socialistes au milieu de ce merdier, les changements culturels/mentaux liés à l'industrialisation, la démographie et la médecine, etc.

Passionnant mais un bordel immonde à "apprendre", surtout avec la rigidité du cadre de l'enseignement et sa fixette sur des trucs inutiles : les sacrosaintes dates à apprendre par exemple.

Tu n'as pas tort là dessus, le problème des sources pour les périodes plus anciennes se posent : le manque de complexité est-il vraiment du à une société plus "simple" ou simplement à un manque de sources ? Problème largement insoluble d'ailleurs. Faut faire avec et se rappeler que malgré le titres ronflants de "professeur au Collège de France" (pour Duby par exemple), on reste largement tributaire de ce que l'époque nous a laissé.