1 Dernière modification par Autruch' Joe (06-08-2007 14:52:33)

Sujet : [Saga provinciale] Les O' Gallaway - Chapitre 1

Le soleil couchant déversait des litres de sang sur le champ d’Ebenezer O’Gallaway. Les ombres du crépuscule étendaient leurs doigts crochus jusqu’à l’horizon, et seule la plainte d’un engoulevent rappelait que la mort n’avait pas encore imposé son empire indivisible sur le comté de Pekimbrok Peak. Ebenezer O’Gallaway cracha une gorgée du jus jaunâtre qu’il gardait en réserve et fit :
« Ouaip »
Une brigade de corbeaux en faction sur un arbre décharné semblait attendre que l’obscurité fasse son office, prête à emporter la dépouille de Simon Callaghan qui se mourait, d’empoisonnement à coup sûr, Simon Callaghan le seul marshal qui ait réussi à faire respecter un peu de loi et de Bon Dieu de ce côté-ci du Shermantucket. Mais le marshal Callaghan se mourait au village dans la chambre d’hôte de Deborah Mac Intyre, chambre qu’il avait occupé depuis 27 ans, depuis qu’il était arrivé à Pekimbrok Peak. Alors ces Jésus de volatiles n’avaient rien à foutre sur le seul arbre du champ de pommes de terre d’Ebenezer O’Gallaway, qui s’empressa de les disperser à la chevrotine en faisant : « Ouaip. »
Le petit Aloysius O’Gallaway, de trente-six ans plus jeune que son père, accouru, le visage rougeaud de celui qui savait déjà débusquer les bonnes cuvées familiales avant d’apprendre à voler des pommes, et hurla :
« P’po ! P’po ! Y a la M’mon qui veut t’parler ! »
A voir les yeux chassieux et les touffes de cheveux malades du mouflet, O’Gallaway se disait souvent que la terre du Seigneur était bien mal fichue pour lui avoir poussé un rejeton plus proche de l’hérédité méphitique des Mac Intyre que de la noblesse Irlandaise dont son sang était issu.
« Y a la M’mon q’dit que ‘sieur Jakobsfeld le p’priétaire, c’lui qu’est j.uif, il envoyé un câble p’dire qu’il arriva ‘jourd’hui. »
Ebenezer O’Gallaway ajusta de sa Winchester à crosse nacrée le visage écarlate de son fils, sentit le jus lui glisser entre les dents puis couler le long des poils drus de son menton et tira en faisant : « Ouaip. » La volée de plomb passa à moins d’un mètre de l’enfant et larda un crotale affamé qui allait jeter son dévolu sur une pomme de terre à moitié pelée. Le petit Aloysius qui n’avait pas le moins du monde pris peur de la détonation, tituba jusqu’à la charogne, la retourna du godillot et fit un sourire triomphal.
« La M’mon elle va être contente, elle v’faire une bonne heu-soupe ! »

Hermann Jakobsfeld renâclait à l’idée de souiller ses mocassins Davidici de Milan, mais il fallait bien entrer dans cette auge afin de signifier aux habitants leur expulsion imminente. C’était, pensait-il, l’aspect le plus pénible de son métier : expliquer à ces rastaquouères des champs que la terre n’était pas un cadeau du ciel mais une parcelle géographique dont le gouvernement fédéral pouvait jouir ad libitum. Le gouvernement ne voyait pas l’utilité de ce genre de comportement parasitaire qui était, en général, motivé par on ne savait trop quel papier rédigé à la hâte bien avant la guerre de Sécession d’une main analphabète et maladroite. Un titre de propriété. Dès lors, pourquoi attendre que ces loqueteux se missent en faillite et réclamassent l’aide publique alors qu’il y avait tant d’écoles de n.ègres à subventionner ? Tout le monde devait participer à l’effort collectif, et ces O’Gallaway les premiers. C’était là qu’intervenait Hermann Jakobsfeld : il rachetait les parcelles déficitaires à bas prix à l’état fédéral et se chargeait de trouver des administrateurs pour les remettre sur pied et créer de la plus-value. Bien sûr, il aurait aimé que les O’Gallaway restent sur place, mais ces gens n’avaient pas réussi à prendre la chance qu’on leur avait proposé un siècle durant. L’heure était venue pour de nouveaux enjeanreneurs courageux.
Avant de pousser la lamelle de bois qui servait de porte, Jakobsfeld se répéta le sermon habituel : « Hermann, tu es j.uif, tu es j.uif bon sang de bois ! Tes parents ont tué le christ et toi tu adores ça, tu es là pour déposséder le chrétien, l’usurer jusqu’au trognon... Hermann, tu es... j.uif... » Et bien que n’étant ni circoncis ni israélite, le propriétaire Jakobsfeld se répétait chaque fois cette pieuse leçon, certain que ce statut usurpé lui donnerait une importance inédite en matière d’expropriation et que ces ignorants rejetteraient plus la faute sur sa prétendue judéité que sur son authentique vanité cupide.
La porte s’ouvrit sur une pièce qui n’aurait pas déparé les masures de serfs russes que lui avait décrit le sénateur Ilyevine au cours d’une partie de chasse. Une table bancale, trois chaises, une commode bouffée par les souris, et un jeune pouilleux (probablement alcoolique comme tous les gosses du pays) d’environ dix ans encadré par deux parents dégénérés au regard débile. Une soupe de pommes de terre croupissait dans un coin et son odeur rance fit toussailler le propriétaire.
« Et bien je... greumbl, heum, hem... je suis mandaté par le tribunal fédéral de Tomahasee pour discuter de l’état de votre franchise... greumbl heum hem... »
Pas un des bouseux n’avait cillé à ces mots quand un coup de poing colossal lui désossa la nuque. « Greumbl, heum, hem » eut-il le temps de faire avant de sombrer dans l’inconscience.

Re : [Saga provinciale] Les O' Gallaway - Chapitre 1

Hum... Il y a comme un problème...

Re : [Saga provinciale] Les O' Gallaway - Chapitre 1

TEHAILDAIHAIR

Re : [Saga provinciale] Les O' Gallaway - Chapitre 1

mmmhh... c't'un feuilleton...

5

Re : [Saga provinciale] Les O' Gallaway - Chapitre 1

C'est super nul.

6

Re : [Saga provinciale] Les O' Gallaway - Chapitre 1

En plus ça m'a l'air clairement antisémite.

NAZI§§§

Re : [Saga provinciale] Les O' Gallaway - Chapitre 1

m'en fous, j'ai que ça à foutre en ce moment...