Re : Si sur Touitteur on n'a pas 100K followers, on a vraiment raté sa vie
le truc c'est qu'on emmerde systématiquement les musulmans alors qu'on fout une paix royale aux autres.
Alors ça se sont tes impressions. Et on n'emmerde pas LES musulmans, mais des fondamentalistes musulmans. Pour information, il y a actuellement un courant religieux qui est très prosélytique et impérialiste, qui a de plus un gros soutien financier de plusieurs pays, qui connait une dérive fascisante depuis 70 ans et qui fait des milliers de morts par année dans le monde, en plus de bafouer les droits de l'homme. Tiens, en parlant des droits de l'homme ne trouves-tu pas qu'on s'en prend souvent aux Chinois aussi et pas assez aux Norvégiens ? Si l'islam est aussi souvent pointée du doigt, et cela jusque dans les pays musulmans (tu peux te renseigner sur les intellos qui risquent leur vie et sur ceux qui meurent dans ces pays) c'est possiblement qu'aujourd'hui il y a un problème plus marqué avec cette religion qu'avec d'autres. Les religions ne sont pas sur un pied d'égalité, encore moins l'islam qui n'arrive pas à se réformer à cause de problèmes qui lui sont propres, tu ne peux pas changer une virgule de la parole de Dieu.
Pour ce qui est des signes religieux. l'agenda n'est pas le même entre un pancake qui ne fait pas de prosélytisme pour convertir d'autres personnes, mais pour marquer une appartenance. Il est assez neutre même au sein de sa propre communauté en dehors d'une poignée d'hassidiques principalement en Israël qui vont casser les couilles de leurs coreligionnaires. Les chrétiens en 2020 c'est plutôt mou d'la bite, sauf quelques évangélistes, mais c'est assez discret par chez nous. Faut aller aux USA ou dans l'ouest Canadien chez les redneck, la Bible Belt, ou en Amérique du Sud. Ils sont aussi très forts en Afrique avec les évangélistes ricains. Alors pour ce qui est des cathos, c'est assez ridicule comme impact, même si un intégrisme religieux en réveille toujours un autre, on ne va pas dire qu'ils sont très casse-couille et revendiquent tellement (toute comparaison gardée).
Donc si tu prends en compte tous les facteurs de ces religions, on les traite exactement pareil ou presque. Quand des cathos militent pour interdire l'avortement, rentrant dans les hôpitaux, etc. on leur rendre dans la gueule avec autant de courtoisie.
Pour information, l'association avec laquelle (Mouvement laïque québécois) je milite s'est battue jusqu'en cour suprême pour faire interdire la prière au conseil municipal de Saguenay, contre le maire ultracatho « lala » tremblay ... et on a gagné! donc non on ne s'en prend pas qu'aux musulmans, ça c'est une analyse biaisée d'un gars incapable de voir l'actualité. On s'en prend à tous les religieux qui viennent nous les briser dans la sphère publique et mettent à mal les principes de laïcité, soit la liberté de conscience.
En PLUS ! il y a un aspect qu'on ne peut pas écarter du revers de la main : le voile n'est pas comme une croix, une toge orange ou une kippa, pas plus qu'un simple bout de tissus, un couvre-chef. C'est un symbole renvoyant à des doctrines mysogines de l'asservissement de la femme, et cela quelque soit l'intention de la personne qui porte cela, le signe agit de lui-même. C'est pour cela qu'en plus des défenseurs de la laïcités, de nombreuses féministes combattent ce signe. Ne pas tenir compte de cela c'est oublier un gros morceau de l'histoire.
À la différence du comportement religieux prosélytique qui suppose de son auteur une démarche active en paroles ou actes pour convaincre autrui, le signe religieux prosélytique n’implique aucune intention, ni aucune manœuvre. Le signe produit un effet prosélytique par le fait même qu’il donne à voir l’appartenance religieuse, qu’il est le support de l’extériorisation des convictions religieuses.
"Prosélytisme : les nouvelles avant-garde religieuses", sous la direction de Myriam Laakili et Fatiha kaouès, page 56 :
« Or, trois conclusions provisoires peuvent être tirées de cette exploration : premièrement, il est nécessaire de penser le prosélytisme religieux au-delà de sa vision directement conversionniste, trop réductrice. Deuxièmement, Il convient de conceptualiser ce prosélytisme comme se déployant sur de multiples scènes, non-exclusives les unes des autres, et selon de multiples régimes d'actions eux non plus non-exclusifs les uns-des autres : combat culturel et/ou politique, volonté conversionniste renouvelée mais réfrénée par sa disqualification moderne, et auto-prosélytisme entendu au sens d'un étayage identitaire des membres adhérents dans un contexte de pluralité éthique, et donc de sentiment de minoration. Penser le prosélytisme dans la modernité avancée nécessite de s'appuyer sur une certaine culture de la scandalisation qui permet une montée en généralité, mais nécessite une division sociale du travail entre scandalisation et administration du scandale, afin d'éviter tout retournement en affaire au nom justement de la disqualification du prosélytisme religieux dans l'espace public.»
Et encore :
« Le « prosélytisme » semble connoter en quelque sorte la provocation et l'agression morale. Il aurait pour effet d'amputer l'autre d'une part de sa liberté de conscience en lui signifiant que ses choix et ses non-choix en matière spirituelle sont des « illusions », voire des « supercheries » qu'il convient de corriger en rejoignant le « chemin de la vérité ». [...]Le « prosélytisme » se présente donc comme un procès de production et de reproduction d'un corps social et de transformation de la matière par la répétition des échanges dans une chaîne de prestations et de contre-prestations infinie, où tout signe, tout bien, tout humain est convertible en « chose » de Dieu ». [...]Nos « prosélytes » adoptent en effet le langage et s'adaptent à la sensibilité morale des séculiers pour mieux les approcher. Ils travaillent ainsi à l'émergence d'un « prosélytisme invisible » (Pelkmans, op. cit.), domestique et individualisé, qui n'a pas pour autant vocation à la dissimulation, mais à accroître l'acceptation morale et l'intelligibilité du travail de Dieu dans le monde contemporain ». (p. 96 à 98)
Le voile fait partie de ce corps social, et si on ne regarde que le corps social individuel qu'est l'arbre - soit la professeure -, on manque la forêt - la pression sociale hors du contexte de l'école qui reste pourtant dans la psyché de la fillette qui est devant la professeure. Il serait alors complètement ridicule - comme l'affirme pourtant la très grande majorité des inclusifs - que la professeure ne fait pas partie de ce corps social qui aurait un certain pouvoir sur la liberté de conscience de la fillette, surtout au primaire où la relation est plus profonde.
Et une autre erreur des inclusifs, c'est de réduire tout le prosélytisme à une question d'intention (comme si le logo de coke avait des intentions). Il est possible que l'enseignant soit subtil dans son prosélytisme et croit bien faire, croit être neutre. C'est possible aussi que l'enseignant soit complètement ignorant d'avoir dépassé les limites. Imaginons l'enseignante répondre à la question d'une fillette de parent musulman qui lui demande pk elle porte le voile, et que cette dernière lui réponde que c'est parce que Allah le demande...
Et d'ailleurs, citons encore le livre : « l'évangélisation n'est pas toujours associée à un discours prosélytique à proprement parler. L'action sociale suffit comme témoignage, en elle-même, de la valeur de la foi chrétienne qui anime les missionnaires. Cette forme de prosélytisme « light » ou indirect est d'usage fréquent. » (p. 108)
« Ces réunions sont l'occasion de constater la frontière floue entre partage de connaissance, témoignage de foi et prosélytisme. Il n'en reste pas moins que, dans ces rencontres, l'accent est porté sur le respect, I'interconnaissance et les participants manifestent une volonté évidente d'approfondissement de leur foi, à distance de toute injonction agressive. » Page 113.
Et en fait, on a un cas concret, décrit par Nadia Alexan, professeure retraitée, qui disait dans le Devoir :
« À la question des jeunes à l’école élémentaire « Pourquoi portez-vous ça sur la tête ? » les réponses varient : « par respect pour mon mari », « pour aller au paradis et non en enfer », « pour Allah », « pour ne pas faire de la peine au bon Dieu », « parce que je suis pure ». Un petit est allé dire à sa mère qu’elle n’est pas pure parce qu’elle n’a pas de fichu sur sa tête ! »
Bruno Ballardini, spécialiste de la philosophie des médias qui enseigne les langages et les techniques de la publicité au Département de communication de l'Université de Rome, parle de « l'Église catholique romaine - l'entreprise aux méthodes marketing les plus efficaces et les plus intrusives de l'histoire occidentale », dans son livre : Jésus lave plus blanc. C'est surtout par les symboles que l'on vend un objet ou une croyance. Il ajoute : « la marque est un vecteur de sens et si l'ekklesia est faite non seulement des hiérarchies ecclésiastiques mais aussi des fidèles rassemblés en un corps compact, alors les chrétiens eux-mêmes sont le média. Mieux, ils sont le message. » (p. 121).
Bref, une personne coton ouatée a un impact sur la société, elle a une influence sur le marché cognitifs (Gérald Bronner). Il y a compétition entre les messages spirituels, religieux et politiques (ces domaines n'existent pas indépendamment les uns des autres), et si l'État accepte l'affichage de discours non-verbaux lorsqu'un citoyen requiert un service, alors il n'est pas neutre.
Comme je le dis, si après ça, on refuse de croire que l'effet prosélyte du voile est inexistant, c'est bien parce qu'on se met la tête dans la sable, à l'image des créationnistes de la terre plate.