L'asile, le site qui sent la bouse (Page 108 sur 280)

Et elle est où la jolie musique enjouée, douce et claudicante qui sied à cette vidéo dont on se demande pourquoi elle n'est toujours pas en story Instagram ?

Enculé vaaaaa

Chez le canard le plus important c'est pas le cœur.

Bon, les enfants...

On est revenu hier d'un "week end" dans cette charmante bourgade proche d'Albi. On y allait pour rencontrer le maire de la ville, de manière informelle, pour qu'il puisse nous en dire plus sur son projet d'installation agricole. On aurait pu le faire par téléphone/visio mais ça nous permettait de prendre 2/3 jours de vacances et visiter un coin de France qu'on a pas encore vu.

La rencontre a duré 3h : discussions et visite des parcelles sur lesquelles il veut monter son projet.

Je vais essayer de le résumer de la manière la moins fantasque possible. C'est pas évident, parce que le type est vraiment un original. Réélu depuis 20 ans dans la commune, ingénieur de formation, il a mis en place des projets bizarres qui font hurler au début comme une tarification progressive de l'eau, projet d'agroforesterie (planter "x arbres par habitants" sur un mandat), mise en place de potager/poulailler communaux, cantine bio, bon vous voyez le genre.

Il m'a emballé direct en nous sortant "le développement durable, ça ne marche pas, je n'y crois pas. La seule manière de faire vraiment de l'écologie, c'est de lutter contre la pauvreté". Okay, ça se discute mais j'ai entendu des trucs plus cons de la part d'un élu.

Son objectif : créer de la rentabilité avec des surfaces qui sont aujourd'hui non-utilisée. En gros, la commune dispose d'un peu plus de 50 hectares (friches, bois, espaces publics non-utilisés) et ça le fait chier que cet espace soit non-productif. Donc il faut des gens, des agriculteurs/éleveurs, pour créer de la valeur sur ces surfaces.

Avec un certains nombre d'assos (agricole ou non), ils ont définis des axes de compréhension sur le pourquoi plus personne ne veut s'installer ou pourquoi les stats des faillites agricoles sont si grosses les premières années. Ils ont donc en tête quelques gros principes :

- L'achat privée du foncier agricole. Pour lui, c'est une grosse connerie. Tu va mettre tes économies là-dedans et tu fermes 3 ans après avec des dettes = ta vie est plus ou moins terminée et t'as rien rapporté à la collectivité
- L'achat du matériel : même argument.
- Le problème des réseaux de distribution : tu t'installes en individuel et tu passes 60h/semaine à produire. Mais tu n'arrives pas ensuite à trouver les bon canaux pour fourguer ta came et tu finis par la brader en demi-gros à une centrale d'achat ---> vie merdique.
- Solitude, temps de travail, vacance : J'ai besoin de faire un dessin ? dans l'immense majorité des nouveaux installés c'est travail 7j/7, pas de vacance possible, salaire minime ou minima sociaux --> vie merdique.
- Le statut agricole : merdique, de bout en bout. T'es seul, peu couvert (voir pas du tout en cotisant solidaire), tu cotises marginalement. C'est vraiment de la merde en barre.

Bon. Le constat est pas incroyable en soi et je suis d'accord sur tous les points. l'idée générale de son projet est donc de passer au travers de tout ces écueils là avec la création d'une SCIC (société coopérative d'intérêt collectif) :

- Les surfaces agricoles sont mises à disposition par la commune au travers de la coop.
- Le matériel ET LES INFRASTRUCTURES nécessaires (clôture, forages, outils, machines) seront achetés/fournis par la commune de la même façon.
- la partie commerciale (vente de la production, recherche des réseaux de distrib) sera à la charge de la coop.
- Chaque porteur de projet sera salarié de la coop.
- Chaque porteur de projet sera actionnaire de la coop.

Sans entrer dans le détail (on pourrait hein), il nous propose donc une installation à zéro euros pour la partie "agricole". Dans cet optique, il nous a déjà proposé 6000m² disponible tout de suite pour du maraîchage et 6000m² de bois pour un atelier poule pondeuse (a défricher).

Ok. Sur le papier, c'est (vraiment) merveilleux. Mais faut bien qu'on se loge pour y venir. Du coup, il a aussi développer un projet d'éco-quartier très particulier. Il s'agit de 2.5 hectares agricoles sur lesquels il veut installer environs 50 porteurs de projets :

- des parcelles de 300m² min sur lesquelles seront plantés 10 arbres fruitiers minimum.
- un logement type tiny house d'un constructeur local : de (petites) maisons que l'ont peut déplacer.

Cette offre est multiforme :

- On peut la voir en terme de location. Dans ce cas, elle ne nous "coûterait" virtuellement rien : la production qui sera tiré de ces 300m² (fruits, maraîchage, céréale, whatever) "payera" la location à la coop. On se tire le jour ou ça ne nous convient plus
- Si on le décide, on peut acheter le terrain pour 10.000e.
- Si on le décide, on peut acheter la Tiny house : en gros, 20.000e.
- Si on le décide, on peut acheter le tout pour 30.000e.
- Enfin, on peut envisager l'achat sous la forme d'une location-accession : on paye un loyer modéré (350e selon lui) pendant x années et c'est déduit du montant total à l'achat.

Mais ce n'est pas fini.
Comme il veut que tout cela soit le plus souple possible, il nous a confirmé que les 300m² ne sont qu'une surface mini. On pourrait donc demander plus et se voir attribuer 600/1000m². De la même façon, on a soulevé la problématique de l'espace dans une tiny house pour deux personnes voir plus si on envisage de faire un Niark²². Dans ce cas, on peut envisager une seconde Tiny.

Bon au rayon des trucs pas clair encore pour lui, il y a les réseaux à amener et qui coûtent cher :

- Pas d'assainissement collectif : phyto-épuration individuel pour tous le monde.
- Pas de réseau numérique : faudra se débrouiller avec les solutions type box-4G mais j'ai des collègues avec ce genre de solution chez eux et les avis sont très positifs.
- Il aimerait ne pas avoir à amener de réseau élec mais n'est pour l'instant pas certain de la faisabilité.
- Il devra amener l'eau potable.

Alors, tout cela parait à la fois "merveilleux" et un peu style communauté hippie. Je pense franchement qu'on en est loin (du coté hippie). Par contre il y a une vision claire pour nous :

- Installation zéro frais. C'est énorme pour nous. S'installer avec la tranquillité d'esprit de ne pas se dire tous les jours "si je merde, si le temps merde, si mon voisin merde, je perd tout".

- Statut de salarié, couverture, sécurité, possibilité de travailler à coté ou simplement profiter de la vie/prendre des vacances. Les statut de la coop me font aussi me dire qu'on pourrait, a terme, ne pas être bloqué dans une activité de production pure (qui me fait parfois peur/douter) et développer un autre genre de prestations qui s’intégrerait dans le plan général : menuiserie, entretien informatique, que sais-je ?

- Aspect communautaire. Je ne me voile pas la face sur les inconvénients mais il faut aussi voir les avantages. On va pouvoir croiser des gens avec des savoirs faire différents (éleveurs, artisans) desquels on pourra apprendre tout un tas de trucs grâce au statut de la coop. Il prévoit déjà d'avoir un éleveur de mouton pour s'occuper de l'entretien des espaces publics. Ce serait une bonne occasion pour nous d'en apprendre plus sur ces bêtes.

- Ma compagne pourra se former en parallèle au Lycée agricole local et passer son BPREA.

Honnêtement, on est déjà vendu sur l'idée, reste à voir les modalités. Tout cela est prévu pour la rentrée 2021 (Septembre prochain donc...) et on a aucune envie de rester un an de plus là ou on est. Je lui ai fait part de ce problème et sa réponse a été, en gros : "envoyez moi vos cv et à partir de quand vous êtes prêt à venir. Si on doit vous trouver un emploi, on le fera. Pareil pour le logement même si ça risque d'être plus difficile".

J'ai passé beaucoup trop de temps à taper tout ça mais je vous aime bien, amis de l'internette. Les prochains mois risquent d'être fort amusant. Au pire, on fini dans une communauté de fumeurs de joint adoubée par la mairie.

Les bisous.

Moi je dis banco !