Nous partons de l'étouffante Paz direction Copacabana. Ce trajet sera sans grosse frayeur et avec un conducteur à peu près potable. Pourquoi je dis cela ? Le jour précédent, nous étions montés dans un micro-microbus (un truc un peu plus gros qu'un monospace avec environ 15 sièges dedans) pour nous balader sur l'altiplano. Le conducteur a rempli le bingo de l'insécurité en un seul trajet :
- Pas de ceintures de sécurité ;
- Pas de place pour les genoux (j'ai passé le trajet les jambes pliées à presque 90° sur la droite) ;
- Seule place disponible : siège avant droit ;
- Conduite à donf ;
- Dépassement de poids lourds en côte, sans aucune visibilité, avec un moteur pourri qui faisait que chaque dépassement prenait littéralement 1 minute ;
- À un moment, dans une descente assez longue et pentue, le mec répond à un appel sur son téléphone et conduit avec son putain de coude.
J'ai perdu 5 ans d'espérance de vie ce jour-là et c'est aussi la première fois que j'ai insulté le conducteur de mon véhicule en hurlant.
Bref, ce coup-ci, nous arrivons tranquilou à Copacabana et au lac Titicaca. Qui, pour la petite histoire, a une prononciation plus gutturale en aymara (à mi-chemin entre "titi karka" et "titi rharha") mais que les Espagnols n'arrivaient pas à reproduire. Ceux-ci ont du coup lissé le son. Oui, "caca" ça veut dire caca aussi en espagnol.
Les ponts, ça coûte trop cher, nous prenons donc un bateau pour arriver à Copacabana. Notre bus aussi, évidemment.
Nous arrivons à Copacabana en fin de journée. C'est une ville touristique (comprendre laide) mais avec beaucoup de restaus bon marché et pas trop mauvais (à part, bien sûr, l'escalope milanaise).
On déduit de cette photo que, malgré une bonne proportion de touristes français sur le total des touristes en Amérique du Sud, le français n'est pas compris par la plupart des restaurateurs et hôteliers, ce qui en fait une bonne langue de base pour putasser à voix haute sur des gens à côté de nous. Si l'on prend soin, évidemment, de s'assurer qu'ils ne sont pas Français.
Étant Français, il est d'ailleurs très important (et très divertissant) de créer un langage codé parce que vous reconnaîtrez que c'est très dur de passer plus de 10 minutes sans se plaindre ou sans se foutre de la gueule de quelqu'un. Cela passe notamment par l'attribution de sobriquets de mauvais goût assez parlants mais assez distants pour que la personne concernée ne grille rien.
Exemples :
- "White Snoop" pour un Chilien stargateur (voir ci-dessous) qui avait une ressemblance partielle avec le célèbre rappeur ;
- "Emma Stong" pour une Japonaise qui avait une ressemblance partielle avec l'actrice ;
- "Stargate" pour un couple de Hollandais qui étaient venus là pour ressentir l'énergie stellaire des monuments précolombiens, dont une porte de la lune dans une ville random au contact de laquelle ils ont ressenti une "énergie incroyable". Couple qui déclarera par la suite s'être rencontré sur Internet alors qu'ils étaient dans des pays différents mais qui se sont mis à communiquer par le truchement de la Lune. Par extension, désignera toutes les personnes un peu illuminées qu'on a rencontrées au cours du voyage. Peut aussi se décliner en verbe ;
- "McFly" pour désigner un Allemand de 60 ans résidant au Pérou mais passant pourtant son temps dans les auberges de jeunesse, sapé avec des fringues d'aventurier cow-boy de pacotille et dont, évidemment, le sujet de conversation principal était le fait qu'il était impossible pour les Incas d'avoir pu couper les pierres de façon aussi fine il y a 1 000 ans et que ça supposait ÉVIDEMMENT une intervention extraterrestre ou interdimensionnelle. Il nous déclarera texto "une découpe aussi fine, on vient tout juste d'y arriver en Allemagne avec une nouvelle technologie laser" ;
- "Coucou" pour une fille à qui dire bonjour signifie "je t'autorise à me raconter ta vie dans les moindres détails" et qui estime être ton amie au bout d'une (1) conversation ;
Exception : les Israéliens, qu'on insulte et dont on se moque ouvertement dans toutes les langues parce que ce sont vraiment des sales cons. Personne, là-bas, ne les aime ; plus de détails à ce sujet dans la prochaine étape.
Et ainsi de suite. Bon, c'était surtout pour montrer qu'on a croisé la masse de gogols.
Petit aparté sur les douches en Bolivie et au Pérou : pas de chauffe-eau, la résistance chauffante est dans le pommeau de douche et est souvent reliée par un câblage de type chattertonesque de qualité. Comme ce sont des pays de nains, tu te douches courbé sous le pommeau. Si tu te relèves et entres en contact, il est possible que ça te file un gros coup de jus (ça m'est arrivé une fois, je ne suis plus le même depuis). Après la conduite, les pommeaux de douche sont le truc le plus dangereux de ces pays.
Le lendemain, nous prenons un bateau pour l'Île de la Lune, un lieu de qualité où l'on mettait les vierges en attente de leur sacrifice mais aussi les prisonniers. Il faut 45 minutes à une heure pour y arriver depuis la côte avec des bateaux modernes.
La quadrimillénaire croix andine, censée symboliser entre autres la constellation de la Croix du Sud : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chacana
Nous nous dirigeons ensuite vers l'Île du Soleil, centre symbolique et théologique de la culture Inca (et d'autres cultures aussi). Un mouvement social rend impossible la visite de la plupart de l'île. Une sombre histoire d'hôteliers enculés qui voulaient construire trop près des sites historiques et sacrés. Macron démission.
Ne pas comprendre Booba c'est ne rien comprendre au rap. Pire encore quand t'en fais l'image du rappeur bas du front qui ne sait pas ecrire. Et je peux meme pas te dire d'arreter de resrer bloquer dans les 90's, a cette epoque il faisait le crime paie, bordel. - Jakovazor