Pfff...
Des années que je suis bourré, souvent depuis midi, et je dois te dire que tu me fais honte.
Honte.
Ramasse-moi ces virgules, ces fautes, ces points qui traînent n'importe où, l'ivresse n'est pas une excuse.
Écoute fils, j'ai une parabole à te narrer.
Tu vas la lire en écoutant ce truc :
https://www.youtube.com/watch?v=bZtgsUHdwP4
On va parler de Jef le lapin belge.
Jef c'est un lapin qui aime courir. Alors ils court dans la jungle. Il court pour vivre.
Et Jef il a un cœur énorme. Un cœur qui fait poudoudoum poudoudoum poudoudoum, etc.
Il court et il tombe sur Joe, le lion héroïnomane. Joe n'a même pas remarqué Jef, il est assis sous un bouflier, le garrot entre les crocs, l'aiguille de la seringue qui cherche entre les poils.
Hey Joe ! Arrête tout de suite !
Qu'est-ce que tu racontes Jef, j'ai envie de calme, je vais bientôt fermer les paupières, et je vais être bieeeeeeeeeen...
T'es un con Joe. L'héroïne va te bouffer comme un cancer. T'as envie de passer ta vie à ramper vers un bidet où aller vomir quand l'odeur de tes fèces te foutra les intestins dans le cerveau ?
Non.
Mets-toi ce truc dans les oreilles et viens courir avec moi alors, c'est radical.
D'accord. Allons-y.
Et ils y allèrent. Et ils coururent. Poudoudoum poudoudoum poudoudoum. Jef fendait le vent, glorieux, ses oreilles de lapin devenues telles des ailes, et Joe le suivait, la patte un peu titubante.
Jusqu'à Marcie.
Marcie aurait impressionné n'importe qui. Déjà qu'une girafe c'est maigre, mais une girafe qui se trouve grosse et qui va se faire vomir tous les jours dans le fleuve Impaba pour gagner sa ligne... alors si vous ajoutez à cela que Marcie est en ce moment en train de se démener tant bien que mal pour aligner proprement trente-cinq kilos de cocaïne tout en roulant une feuille de bouflier du bout des sabots, vous comprendrez la seconde de stupeur qui surpris
notre héros, Joe. Mais qui n'atteint pas le moins du monde l'invincible Jef qui (poudoudoum poudoudoum poudoudoum, vous avez compris) galopait vers la grande tour de fourrure en glapissant :
Marcie !!!
Oh Jef ! T'en veux un poil ? Enfin seulement une pointe, j'ai déjà promis à Bob le renard, Herb le pingouin, Sam le croco, Jim l'impala, John l'autruche et Finn la plante verte de taper un peu, tu arrives un peu tard et...
Marcie ! Arrête-toi tout de suite et mets-toi ce truc dans les oreilles, la cocaïne va te rendre malade. Tu vas devenir paranoïaque, t'en voudras toujours plus, tu détesteras tes amis, même Herb le pingouin, parce qu'il viendra à une soirée et qu'il n'en aura pas. Viens courir avec nous, c'est radical.
Poudoudoum poudoudoum poudoudoum.
A-t-on jamais vu plus étrange équipée que Jef, Joe et Marcie ? Qui les incisives cisaillant le vent, le cœur battant comme les Quarante Rugissants, qui avec une crinière rasta tanguant et se cognant entre deux boufliers pour suivre la touffe de poils blanche de Jef, qui s'arrêtant à chaque bouflier pour « se refaire une beauté » en déballant un képa de quarante kilos. Beaucoup de cigarettes furent alors fumées.
Poudoudoum poudoudoum poudoudoum, etc.
Salut Moe.
Ce n'est pas ce que tu crois.
Moe, tu sais que la kétamine c'est très mal. Tu vas devenir rapidement accro et tu vas te blesser.
Je ne sais pas de quoi tu parles.
Moe, tu es un tigre, tu dois te nourrir, pas vivre dans du coton, regarde-toi dans une glace, on ne voit même plus tes rayures. Arrête tes merdes et mets-toi ce truc dans les oreilles, on va courir mec, t'entends ?
J'aimerais vous dire « poudoudoum poudoudoum poudoudoum », mais nous étions plutôt dans une situation de « poudoum poum poum poumoudououm » car Moe, malgré tous ses efforts, ne savait plus où mettre une patte devant, ni où mettre l'autre derrière.
Malgré tout, notre équipée, titubante, caquetante, et cotonante, coursant Jef le lapin blanc comme s'il eût rendez-vous avec la reine de Cul, se dirigea vers les deux derniers boufliers de la jungle.
Il n'en restait plus qu'un à vrai dire. Ned l'éléphant se roulait un gros splif de connard avec l'autre bouflier.
Ned, arrête ce genre de merdes. Cela ne te fera que du mal. Le shit rend parano comme la coke, ça te bousille les poumons et...
Shplaf !
Merde... Ned... pourquoi tu l'as écrasé ?
Parce qu'à chaque fois que ce connard a pris du speed, il vient me faire courir dans la jungle comme un con en faisant poudoudoum poudoudoum poudoudoum...