Sujet : Le bio
Je vois beaucoup de gens (même ici) parler du bio, encenser le bio, acheter bio, manger bio, et croire un tas de conneries qui n'ont rien à voir avec le bio.
Petit point sur le bio.
Le bio c'est meilleur pour la santé
Pas forcément. A priori, l'absence de produits chimiques, et le caractère nocif, parfois cancérigène des additifs alimentaires fait que leur absence rend le bio moins mauvais. Mais il y a certains produits, par exemple les petits pots pour bébés, où la version bio contient des champignons microscopiques à priori fortement cancérigènes, alors que les petits pots non bios en sont dénués.
Egalité, même si chaque "camp" serait tenté de dire qu'il a l'avantage.
Le bio c'est meilleur au goût
Pas forcément. Dans le non bio, qui tient souvent plus de la chimie que de l'agriculture ou de l'élevage, la première des considérations, c'est de gagner de l'argent (hou, vilain méchant capitaliste, c'est bon je l'ai faite). Gagner de l'argent, dans un processus de production, c'est :
- Produire plus pour le moindre coût
C'est là où le non bio utilise au maximum les engrais, les hybrides ou les OGM, les multiples récoltes annuelles, l'arrosage, les antibiotiques et hormones de croissance, etc... pour obtenir des produits, tant agricoles qu'issus de l'élevage, plus gros. Et souvent plein de flotte pour l'agricole, et avec une qualité de viande médciocre pour l'élevage, pour cause de croissance altérée et trop rapide.
Le premier critère du non bio dans toute production, c'est généralement la quantité.
Le bio n'utilise pas ces expédients, mais sélectionne quand même les variétés pour produire plus. L'arrosage est autorisé ainsi que les engrais bios.
- Réduire les pertes liées aux imprévus (climat, maladies), au transport, au conditionnement, aux délais de vente
Pour cela, le non bio a plusieurs méthodes. Au niveau producteur, on sélectionne les variétés pour leur resistance aux maladies et aux parasites, on bombarde copieusement de pesticides et d'antibios, pour réduire au maximum les pertes liées à la sélection naturelle.
Au niveau de la distribution, est apparue depuis quelques années le "ramassage vert". On ramasse un fruit ou un légume avant maturité, on l'emballe ou on le met en chambre froide tel quel. Les gains tant lors du transport que de la mise en rayon sont grands. C'est quelques pourcents en plus pour le producteur et le distributeur (surtout lui d'ailleurs), des produits moins touchés et qui tiennent plus longtemps pour être achetés par la ménagére.
Les bananes ont même droit à un transport ventilé qui chasse le gaz qu'elles émettent et qui provoquent leur mûrissement. Ensuite, avant la mise en rayon, elles sont stockées en container étanches dans lesquels on injecte le fameux gaz, en version artificielle.
Le bilan, c'est des produits gustativement moins bons, car le pic de goût se situe généralement à pleine maturation.
Ce type de gestion arrive parfois dans le bio, mais les producteurs s'y refusent généralement pour conserver l'aspect naturel de leur production.
- Vendre plus que le concurrent
Pour cela c'est simple, il faut que le produit soit plus beau, qu'il attire l'oeil, la vue étant le sens sollicité lors de l'achat.
Le produit non bio est déjà plus gros que le bio, moins "abimé" par les tonches et le transport, et le bio est généralement rangé à part dans un coin pour lui. Les emballages (plastique et carton) sont aussi beaucoup utilisés tant pour conserver le produit que pour le mettre en valeur.
Le bio de son côté évite les emballages et ne compte que sur son caractère bio pour être vendu.
Avantage au bio, mais léger.
Le bio c'est plus cher
Généralement, oui, au prix d'ahchat au kilo en tout cas. Forcément, quand on ne cherche pas à avoir de plus grosses quantités à tout prix, et qu'on évite l'industrialisation excessive (charrue tractée par un animal au lieu du bon vieux diesel de 250 chevaux) et la chimie lourde, qu'on traite à la main avec des produits moins efficaces (eau savonneuse par exemple) car non toxiques pour l'environnement, qu'on élève en plein air au foin et aux céréales et pas en batterie à la farine animale (les farines animales pures ont disparu, maintenant on utilise des restes de poissons), on produit moins. Beaucoup, beaucoup moins.
Comme la fiscalité du bio est la même que celle du non bio, et que les producteurs bios sont petits et n'ont pas autant d'aides que les gros (qui peuvent jongler d'une culture à l'autre pour raffler les aides chaque année, plus le phénomène de concentration des aides), et qu'il faut bien vivre ma pauv' Lucette, les producteurs bios vendent normalement plus cher.
Mais pas toujours. Faites un tour au rayon bio de votre supermarché habituel, et au hasard d'une promo ou sur certains produits, vous trouverez moins cher. Sur les marchés, c'est souvent encore plus flagrant, les producteurs bios sont rarement les plus chers sur place.
Tout simplement parce que le producteur bio a choisi le bio par conviction, qu'il peut consommer ce qu'il produit, qu'il ne gaspille pas son fric en emballages et en opérations marketings ou publicitaires, qu'il n'est pas dans la logique "toujours plus de fric", et qu'il se contente de moins dans la vie, par exemple de la satisfaction de faire son boulot proprement et sans impact sur l'environnement.
Je sens que je vais me faire épingler ici par les défeneurs du capitalime pour procés de bonnes intentions. Osez donc, je vous attends de pied ferme.
Mais alors le bio, c'est quoi en fait
La seule garantie que le bio apporte c'est : pas de dommages à l'environnement.
Aujourd'hui, discutez avec un agriculteur, et demandez lui comment il perçoit la terre qu'il cultive. Vous allez être surpris. Ca serait de la pâte à modeler ou du bitume, que ca serait pareil. Un champ est vu comme un volume de X surface, de 30 cm de profondeur de support qu'on va touiller et dans lequel on va introduire un tas de produits chimiques puis planter des petites graines.
Discutez avec un éleveur et vous serez tout autant surpris. Si on ferme les hangars dans lesquels on élève en batterie des animaux sur du béton, dans des cages où ils ne peuvent pas bouger, ou sans cage mais où ils se marchent dessus en permanence (le poulet de batterie a généralement plusieurs os avec des fractures multiples), ca n'est pas que pour l'odeur. Ca n'est pas non plus que pour gagner sur le chauffage ou gérer le cycle d'éclairage (plus court que les 24h du cycle solaire quotidien et indépendant des saisons).
C'est aussi pour oublier, pour leur ôter du regard, et autant que possible de l'esprit, que la vie de ces bêtes, qui pourrait être : j'ai bien grandi (enfance heureuse toussa), j'ai bien mangé, j'ai bien couru, j'ai joué avec mes petits camarades, et la main qui nourrit vient de me zigouiller, mais je ne m'en suis même pas rendu compte. Et pas ce que l'on sait, les temples de la terreur et de la souffrance, parce que bon, on s'en branle, de toute facon ils vont crever.
Pourquoi soigner les cancéreux ou les séropos, de toute façon, ils vont crever. Pourquoi soulager leurs souffrances ? Parce que c'est des humains et nous aussi. Alors que les animaux sont des objets.
Bon, j'arrête là mes sanglots longs des violons et ma propagande de la PETA, ils font ca mieux que moi.
Sauvez la planète, mangez bio, et merde au capitalisme.
Si un adepte culinaire (hint hint) se sent de faire un paragraphe : "pourquoi acheter moins mais bio permet de faire de la bouffe meilleure par le goût, meilleure pour la santé, moins dans l'assiette pour le même prix, mais aussi nourrissant au final", il est bienvenu.