Malrock a écrit:R. Barthes, Mythologies, Points, 1970, pp. 85 - 87.
Bien sur le contexte n'est plus le même depuis le temps les forces politiques ont changées, le monde a changé certain systémes économiques se sont effondrés depuis, des maux nouveaux sont apparus avec les chocs pétroliers et la recession économique mais les arguments restent les mêmes pour la partie radicale de la gauche, qui persiste dans une lutte des classes stérile et un modéle social utopiste. D'ou 53 Français sur 100 qui ont plebiscité le modéle du raze-bitume. Alors bien sur l'homme de gauche demeure plus intelligent et desinterressé par des valeurs bassement matériel, mais le monde ne va pas ainsi et la France non plus!
alors comme promis, un rapide, très rapide résumé, et pas à la Imax, parce que j'ai pas envie que ça en fasse le double...
une note liminaire cependant : roland barthes n'était pas un politologue, un économiste, c'était un critique littéraire qui répondait, pour le coup, aux critiques de poujade - et par avance, à celles de ton ami brillant commentateur du monde - sur "l'intellectuel" ; c'est une constante qui tient à une certaine partie de la droite que de renier les intellectuels, des gens qui détiennent un savoir inutile mais en fait ne connaissent rien à la vraie vie, de les écarter avec mépris, tout en oubliant que les intellectuels de droite et de gauche sont les mêmes, à leur engagement politique près... NS est d'ailleurs un peu comme ça quand il critique sans faire de distinction tous les germanopratins (dont un paquet doivent aujourd'hui être sarkoziste) ainsi qu'il a l'habitude de séparer les français en bons et mauvais : les intellectuels de la rive gauche de paris, les éditeurs, les écrivains, n'ont jamais été sur le terrain, eux...
bon, j'ai écrémé, notamment les exemples :
Premier§ : Ce que la middle-class respecte avant tout, c'est ce qui est fermé à l'extérieur et qui n'a besoin que de soi-même. Or ce qui n'a besoin que de soi-même, se nourrit de soi-même, de ce qui lui ressemble. C'est l'exemple de la loi du Talion : un oeil pour un oeil, une dent pour une dent - ou une dent pour 10000 euros, pourquoi pas, du moment que c'est équivalent et que c'est rendu pour alimenter le système de remboursement selon lequel toute action doit être payée en retour. Cette soif de remboursement s'incarne aussi dans le langage : "quand on prend le métro on paye, ou alors on est du côté des fraudeurs et contre la police".
Second§ : le problème est que cette philosophie de l'équivalence, du prêté pour un rendu, est tautologique ; c'est à dire qu'il est figé ("quand il pleut, ça mouille") et ne peut pas être soumis à l'évolution, c'est, par exemple, ce que l'on assimile à la sagesse populaire, puisque si ma grand-mère l'a dit, ça ne peut être que vrai, puisque les gens étaient sages à cette époque-là... Or, le principe de fonctionnement de la pensée de l'intellectuel est depuis des siècles la dialectique : la dialectique permet de faire naître le neuf - à défaut de la vérité - en confrontant les contraires par exemple, la dialectique est l'ennemie de la stabilité et de l'équation qui est propre au monde petit bourgeois/middle class, et qui ne saurait souffrir de voir son système de pensée installé sur l'échange (commercial, de travail, de justice) remis en question... Et c'est ça que le poujadisme reproche aux intellectuels : c'est leur capacité de projection intellectuelle, leur refus de prendre en compte ce qu'ils appellent la "raison réelle" : on ne saura jamais qui de la poule ou de l'oeuf est venu le premier, l'eau ça gèle quand il fait sous zéro (et que si on les laissait faire, on ne saurait pas que la poule vient du raptor, et que l'eau ne gèle pas toujours sous zéro) ; de là, une inutilité de l'intellectuel qui ne répond pas à l'exigence middle-class : un raptor ça n'existe plus et ça ne se mange pas, on ne veut pas des paléontologues, on veut des ingénieurs pour fabriquer plus de poules...
et là, la boucle est bouclée : ce qui se mange est plus utile que ce qui se mange où ne s'échange pas, c'est une question de bon sens... Et ce bon sens, c'est ce qui décide de l'inutilité ou pas d'une chose ou d'un objet. Mais comme on l'a vu, le bon sens n'est pas dialectique, donc, le monde middle-class va contre ce qui est/sera différent.
Troisième§ : je le trouve assez explicite et en plus il n'est pas adapté au propos que je voulais souligner plus haut. En clair : le bon sens, quand il est placé comme une vertu universelle, qu'il se suffit à lui-même, que l'utilitarisme soit la fin des fins, c'est un mauvais signe, car c'est souvent comme ça que le populisme extrême commence : par la destruction de la culture qui se veut gratuite, ouverte à l'étranger, à la critique, au changement, bref, ce que proposent les intellectuels... Et, au passage, c'est le contraire de ce que l'on appelle "l'identité nationale" (ou la "tautologie française", un français doit être un français), la recherche financée par l'enjeanrise (donc forcément computable car chaque financement doit apporter du profit) au détriment de la recherche fondamentale qui n'apporte rien sinon la connaissance, c'est la fin de la bohème (pas les bobos - qui rapportent souvent plus d'argent que ceux qui les critiquent et qui sont des pilliers du système - mais des anarchistes, squatteurs, artistes, qui ne rapportent rien), c'est la fin de la fraternité, car ceux qui travaillent valent un, et ceux qui ne produisent pas valent zéro : on échange pas un un contre un zéro...
voilà, l'article de barthes était, je pense, une belle réponse au minable beauf que tu as cité, pour qui tout ce qui réfléchit un peu, ou a des diplômes, doit être un "bobo", bref, le poujado de base comme il y en a des milliers en france et à qui bismuth ne s'est pas trompré de s'adresser... donc, voilà, rien à voir avec la conjoncture passée/actuelle, le discours droite/gauche (avec tous le respect qu'on doit aux nombreux intellectuels de droite), c'est beaucoup plus basique que ça...