Re : Ecriture
On apprend ça comme le piano, avec des gammes et des partitions. Donc, le plus simple, c'est de faire de l'alexandrin au kilomètre, pour prendre le sens du rythme et l'habitude, puis de faire des pastiches dans tous les styles.
On fait ça aussi dans ce cours. On essaye d'écrire dans le style d'un autre ou avec certaines contraintes.
Pareil au début du semestre sur des critiques de films.
Là le thème (mais pas le style) c'était de raconter ce qu'il se passait dans l'esprit d'une personne en train de mourir dans la rue dans ses dernières secondes. Point de vue très subjectif donc.
Ce que j'ai essayé de faire (et le style n'en a été qu'une conséquence), c'est de considérer que la personne avait ses sens affaiblis et avait un détachement par rapport à la réalité. Constatait et faisait un rapprochement rapide niant sa mort prochaine.
Ce qu'elle voit de gris, c'est le bord du trottoir (ça tête est sur le coté juste au bord). Le précipice c'est la fin du trottoir en béton (son oeil voit juste le bord et n'a pas une grande portée). Ce qui coule lentement, c'est son sang. Mais elle ne le perçoit pas comme tel. Sa vision s’atténue, elle a un bourdonnement dans les oreilles et ses battements de coeur qui s'affaiblissent. Puis elle meurt.
Je trouvais aussi que ça faisait largement assez long pour l'utilisation de ce style, la prof trouvant que c'était trop court. Elle veut que je rallonge le texte.
Je n'ai pas l'habitude d'écrire (et surtout de faire long, je trouve qu'on délaie) mais l'exercice est amusant.
Elle nous avait aussi demandé de raconter une catastrophe (sur un évènement se passant sur une durée assez brève aussi).
Le texte d'origine ayant pas mal de comparaisons, j'ai fait de même (en abusant peut-être un peu).
Une après-midi à l'Université
L'Université d'Avignon, par une après-midi printanière ; les étudiants y vaquent à leurs occupations studieuses ou à leur loisirs. Le chant des oiseaux réjouit le cœur des auditeurs.
L'astéroïde apparaît dans le ciel se dirigeant visiblement vers la ville ; il laisse une traînée blanche derrière lui tel le voile d'une mariée empressée.
Une rumeur commence à naître dans les allées et jardins de l'Université, la rumeur grandit et devient brouhaha puis cris ; les étudiants à l’intérieur des bâtiments sortent précipitamment et constatent l'effroi déjà répandu parmi la foule naissante. Mauvaise idée.
On peut déjà voir la forme et les reliefs de l'astéroïde. Il est devenu rougeoyant et lumineux comme un soleil miniature en traversant l'atmosphère. Il n'y a plus de temps pour se mettre à l'écart ou à l'abri. Il a choisi le bâtiment de la bibliothèque comme zone de destruction. Le bruit est assourdissant, comme jamais personne n'en a entendu qui a pu le rapporter. Le bâtiment s'enfonce sans résistance comme un soufflé retombant à la sortie du four. Les morceaux de verre et de métal s'envolent comme des gouttes d'eau lorsqu'on marche dans une flaque. Mais ces gouttes d'eau détruisent tout sur leur passage : les arbres des jardins se trouvent déchiquetés, les personnes présentes se trouve projetés comme des pantins sanglants et désarticulés. Le bâtiment s'enflamme mais il n'y a plus de vivants à brûler dedans.
La façade de l'ancien bâtiment se trouve parsemée d'impacts luisants comme une nuit étoilée. Toutes les vitres ont déjà volé en éclat la seconde précédente à cause de l'onde de choc provoqué par l'impact. Des cris de douleurs sortent par les ouvertures comme les lamentations du chœur antique tragique.
JC Denton: My vision is augmented.