Bestaflex a écrit:aliocha a écrit:e bonne fois pour toute Bastards and Noobs. Apparemment ça n'influe même pas sur les taux d'emprunts.
Oui et non. Je l'ai déjà expliqué ici ou là mais en gros la France n'emprunte pas tous les 3 jours, donc l'offre n'est pas stable dans le temps. C'est seulement dans ce cas que la note Bastards and wankers sera parole d'évangile, dans le cadre où c'est disponible H24.
Sauf que voilà, en fait la France n’émet d'emprunt que tous les X mois (genre 30) et à ce moment là arrive sur le marché une tonne de titres AAA ou AA selon les agences. Or, ces titres sont finalement assez rare et comme pour des raison diverses (légales ou de bon sens), les détenteurs de portefeuilles doivent panacher risque et rendement Bercy se retrouve avec un certain levier sur l'offre qui permet de mettre des taux assez bas.
Suffisamment bas d'ailleurs pour qu'on parle de taux négatifs (comparés à l'inflation : j'emprunte 1 euros aujourd'hui à 10% in fine et quand je le rembourserai il vaudra 1,10euros alors que dans la même temps un euro du moment de l'emprunt vaut maintenant 1, 50 du fait de l'inflation... mais c'est complexe)
Il y a ça, et ce serait suffisant, mais en plus tu as:
- les importants biais idéologiques de ce genre de notation (du style "les réformes propres à générer la croissance n'ont pas été effectuées" > Ah bon, on sait quelles sont les réformes structurelles générant de la croissance économique? Bah l'ensemble des gouvernements est bien con de ne pas les effectuer dès que possible, alors. Ah, on me dit dans l'oreillette que ni en théorie, ni en histoire économique, on n'a de certitudes sur le contenu exact desdites réformes),
- le fait que le principe de la notation des dettes souveraines est contestable en soi (à savoir qu'estimer la solvabilité d'un état est autre chose qu'évaluer celle d'une société privée, parce qu'il y a une analyse politico-économique à faire, parce qu'un état et une entreprise ou un ménage ne sont pas la même chose (l'un a un véritable moyen d'agir sur ses recettes, les autres non), parce qu'analyser réellement la dette publique nécessite d'accéder à un ensemble de données qui ne sont pas accessibles),
- le fait que les agences de notation arrivent en général après la bataille, ce qui explique pas mal l'influence relative de ce genre de changement de notation: la plupart des acteurs ont anticipé la dégradation,
- le fait que les analystes des agences de notation ne sont que les experts comptables du capital et qu'ils finiront parmi les premiers cont'le mur le jour de la révolution.
"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."