Receswind a écrit:thedarkdreamer a écrit:Donc je résume: compter les votes blancs, plutôt crever!
Désolé pour la réponse tardive (Alice, enculée!)
Alors d'abord merci d'avoir pris le temps d'argumenter ta réponse.
Ensuite, même si tu apportes des arguments intéressants, je rejoins assez la réponse de Reblochon.
S'abstenir parce-qu'on préfère faire autre chose, c'est le mal.
Voter nul, ça sert à rien à part exprimer un message ambigu, comme tu l'as brillamment souligné.
Mais traîner son cul jusqu'au bureau de vote pour voter blanc, c'est un message plutôt clair: "je suis prêt à (1) m'inscrire (2) me traîner jusqu'à l'école de mon quartier un dimanche et (3) faire la queue, pour vous dire que franchement, personne ne me convainc".
C'est un message fort.
Dire que s'il y a plus de votes blancs que de votes pour un candidat, personne n'est élu, c'est révolutionnaire. Ça implique des problèmes que je ne prétends pas ignorer. Mais c'est une façon démocratique de faire passer le message. Plus claire que voter Le Pen ou un(e) autre extrémiste. Plus clair que de manifester à tout va sur des peccadilles.
[3615 ma vie] Personnellement, si le second tour est, comme prévu, Ségo/Sarko, mon projet d'expatriation prendra définitivement forme. A 19 ans, envisager de m'expatrier ne m'enchante pas plus que ça. Mais je pense que notre démocratie devrait m'offrir un moyen de dire, non pas "je veux faire chier le monde est être mon propre chef", mais "je ne pense pas que l'un de vous soit moins pire que l'autre"[/3615 ma vie].
Après, comme tu l'as souligné, le chemin est long entre 5% de blancs et 33% ou plus. Même si je suis persuadé que plus de gens iraient voter si leur vote blanc avait plus de valeur que leur partie de pêche (pour respecter l'image d'Epinal), je ne pense pas que soudainement des torrents de contestataires inonderaient nos bureaux de votes. Mais ce serait déjà une amélioration que d'avoir les vrais résultats d'élection. Non pas en prenant en compte les abstentionistes et nuls qui s'excluent eux-mêmes du suffrage, mais les gens qui votent blanc et qui expriment un suffrage.
Bon, je maudis Alice avec toi, mais te remercie de m'apporter, au milieu de la lecture d'une thèse particulièrement aride, la joie d'un débat doctrinal. Même si ça ressort plus du droit public en général et du droit constitutionnel en particulier, je vais faire ce que je peux.
D'abord pour répondre à reblochon, le vote blanc n'est pas confondu avec l'abstention. Il y a un taux d'abstention qui comptabilise l'abstention et un décompte des bulletins blancs et nuls. Les règles électorales actuelles ne confondent donc pas abstention et vote blanc.
Maintenant il est vrai que l'abstention, comme le vote blanc, sont privées d'effet direct sur le résultat des élections(leur effet indirect est en effet de renforcer le poids des suffrages exprimés).
Ensuite, pour répondre à Beonelo, la question de la reconnaissance du vote blanc est régulièrement l'objet d'une proposition de loi déposée à l'une ou l'autre des deux assemblées. On est donc loin d'avoir un véritable consensus politique sur cette question.
Ces remarques préliminaires évacuées, passons au fond de la question.
L'état actuel du droit, c'est que le vote blanc n'est pas considéré comme un suffrage exprimé et ne participe pas au résultat de l'élection. Au contraire, il est assimilé au bulletin nul. Ce qui donne des résultats électoraux sous la forme:
-Suffrages exprimés au second tour de la présidentielle de 2017
Tatemorpion=49%
Durdaureille=51%
-Blancs et nuls=7562
-abstention=21%
La disposition qui assimile bulletins blancs et bulletins nuls est aujourd'hui l'article L66 du code électoral. Mais la règle en elle-même est beaucoup plus ancienne: elle a plus de 140 ans.
Périodiquement, cette non-reconnaissance du vote blanc est remise en cause, particulièrement depuis une trentaine d'années avec la montée de l'abstention et du vote en faveur des extrêmes considéré comme "vote protestataire".
A chaque fois, les mêmes arguments sont avancés: l'opinion y est favorable (cite un sondage), ce serait un moyen pour les gens d'exprimer leur mécontentement sans passer par le vote extrême ou de leur faire retrouver le chemin des urnes.
Cependant cette reconnaissance pose à mon sens un certain nombre de problèmes.
Je passe sur l'argument de principe, qui dépend fortement de ta vision de la démocratie. Pour moi l'élection demande à l'électeur d'opérer un choix, de désigner ceux qui le représenteront. Le vote blanc est le refus de ce choix(aucun des candidats ne me convient), et il ne me semble pas illogique de ne pas accorder de valeur à ce non-choix.
Si donc on passe sur cet argument de principe, on voit que la reconnaissance peut passer par trois nuances
1)La plus faible, c'est de ne pas considérer le bulletin blanc comme un suffrage exprimé, mais d'en faire un décompte distinct de celui des bulletins nuls. Ce qui donne un résultat sous la forme
-Suffrages exprimés au second tour de la présidentielle de 2017
Tatemorpion=49%
Durdaureille=51%
-Blancs=3456
-Nuls=4106
-abstention=21%
2)La seconde consiste à reconnaître le vote blanc comme un suffrage exprimé et donc d'intégrer le vote blanc dans le résultat de l'élection. Le résultat se présenterait alors ainsi:
-Suffrages exprimés au second tour de la présidentielle de 2017
Tatemorpion=47%
Durdaureille=49%
Blancs=2%
-Nuls=4106
-abstention=21%
Cette solution pose à mon sens plusieurs problèmes graves. D'abord l'intention de celui qui vote blanc est de ne favoriser aucun candidat. Or reconnaitre le vote blanc comme un suffrage exprimé le ferait sortir de cette neutralité. Prenons une élection où on doit élire un représentant, par exemple une élection législative dans une circonscription. La reconnaissance du vote blanc rend plus difficile d'être élu au premier tour
ex:Durdaureille=49%
Tatemorpion=27%
Dèlmatin=20%
Blancs=2%
Durdaureille n'est pas élu au premier tour, il y en aura donc un second tour. Mais on voit bien que seul la comptabilisation du vote blanc provoque ce second tour, et que les chances que le résultat de l'élection en soit modifié sont minimes puisque même une alliance des deux autres candidats n'atteint pas le score du candidat en tête. Le vote blanc rend donc plus difficile la victoire au premier tour du candidat en tête. Le vote blanc n'est donc plus neutre, il a un effet autre que le simple refus de tous les candidats présents. Il en avantage certains au détriment d'autres.
L'effet est magnifié dans le cas d'un référendum.
Par exemple: reprendrez-vous des endives en salade?
Oui=36%
Non=13%
Blanc=51%(en fait ils voulaient des endives braisées, ou en gratin, allez savoir...)
Bon, et là, on fait comment? Est-ce qu'on dit que la majorité de oui parmi les suffrages exprimés signifie la victoire du oui? Mais alors la reconnaissance du vote blanc ne vaut rien. Est-ce qu'au contraire la majorité de vote blanc entraine le rejet de la proposition soumise à référendum? Alors les adversaires des endives en salade, bien que largement minoritaires l'auront emporté.
Donc compter le vote blanc comme un suffrage exprimé pose, selon moi de grosses difficultés parce que la neutralité de principe du vote blanc vis à vis des candidats ne se traduira pas dans la pratique. Et je trouve anormal qu'un non-choix influence autant l'élection.
3) Ce qui nous amène à la troisième voie, la plus radicale: si les votes blancs atteignent un certain score, on fait annuler l'élection et une nouvelle élection est tenue.
Là encore de nombreux problèmes pratiques: quel taux? et le risque de blocage démocratique?
Vous aurez donc compris que pour moi, seule la position 1 est plus ou moins envisageable.
"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."