Sujet : Site de lancement de fusée V1
Aujourd'hui j'ai profité des journées du patrimoine pour aller re-visiter le site de lancement de fusée de V1 à quelques kilomètres de chez moi. Je ne vais pas me faire chier à expliquer ce que je peux trouver directe sur internet donc :
HISTOIRE :
Dans les années 1920, la vapeur cède peu à peu la place au mazout. Cette nouvelle technique de chauffe préconisée par le programme naval de 1922 oblige la Marine Nationale à se doter d'installations de stockage de ce nouveau produit. C'est ainsi que fut choisi, pour des raisons stratégiques, le site de Brécourt. Celui-ci est situé sur les hauteurs de Cherbourg, sur les bancs de la commune de Equeurdreville-Hainneville.
5.000 ouvriers, dont de nombreux étrangers, sont affectés aux travaux qui débutent en 1932. Ils construisent sous la colline constituée de roches granitiques, surmontée de 15 à 25 mètres de rochers, huit réservoirs en béton d'une capacité unitaire de 10.000 m3 de mazout ainsi que deux usines souterraines capables de fournir l'énergie nécessaire au fonctionnement des installations à l'aide de moteurs de 400 cv. Ces moteurs alimentent les pompes immergées, la ventilation et le système électrique. La construction ainsi réalisée se termine en 1938 et met les installations à l'abri de tout type de bombardement.
Ces immenses travaux permettent à la Marine Nationale de disposer d'un stockage optimal d'un total de 80.000 m3 de produit dans des réservoirs dont les caractéristiques sont les suivantes :
- longueur : 72m
- largeur à la base : 13,5m
- largeur à la voûte : 15m
- hauteur à la voûte : 15m
- hauteur de produit : 10,6m
Le mazout est acheminé du lieu de stockage vers le port dans des canalisations et permet d'alimenter facilement les navires.
Mais la guerre éclate et la France est envahie par les armées du IIIème Reich. Lors de l'occupation de Cherbourg, le personnel rend les installations inutilisables par l'occupant. A la libération, le site retrouve ses fonctions d'origine jusqu'en 1986. Cette année marque l'arrêt définitif de toute exploitation par la Marine Nationale.
L'OCCUPATION ALLEMANDE :
Alors que le IIIème Reich décide d'employer les armes secrètes, le 22 décembre 1942, HITLER ordonne la construction de sites géants à Sottevast et à Couville. Le 7 juillet 1943, il donne l'ordre d'aménager un troisième site pour le lancement des fusées A4 (vergeltungswaffe V2) à Brécourt. Ce site surnommé "Öelkeller Cherbourg" devait être conçu pour abriter le stockage de 330 tonnes d'oxygène liquide dans 6 réservoirs et l'équipement d'unités mobiles de tir ainsi que 30 fusées A4. Devant le bombardement intensif des autres sites, le projet est finalement abandonné fin 1943 car Brécourt était trop exposé aux bombardements alliés.
Cependant, la Luftwaffe s'intéresse de très près au site de Brécourt pour y installer un site de lancement des bombes volantes V1. Le projet initial prévoyait l'installation de deux rampes de lancement et un stockage de 300 V1, ce qui correspond environ à 6 jours de tirs.
Le 6 janvier 1944, le général HEINEMAN déclare : "l'un des Wasserwerk en construction a été détruit à la suite d'une attaque aérienne. Sa construction sera poursuivie mais seulement comme leurre. Un site de remplacement a été reconnu près de Cherbourg". Le "Wasserwerk" bombardé était en l'occurrence le "Wasserwerk Cherbourg" à Couville très longtemps confondu avec Brécourt, auquel la Luftwaffe avait affecté le nom de "Wasserwerk Minenlager".
Le même mois, les travaux de construction du bâtiment en forme de U abritant la rampe de lancement débutent et devaient s'achever le 10 juin 1944, l'aménagement des galeries le 1er août 1944. Le site est implanté en face des galeries 1 et 2. L'ensemble devait nécessiter une quantité de béton de 10.000 m3 pour les murs et les galeries et 6.000 m3 pour le toit d'une épaisseur de 5 m. Une ouverture à l'arrière a été aménagée pour l'évacuation des importantes fumées produites au moment du tir par la réaction du permanganate sur le perhydrol.
Des travaux de construction d'une 2ème rampe ont également commencé sur le plateau, à quelques 150 mètres à l'Est de la rampe bétonnée. Une galerie a été creusée à partir de la galerie 1 pour permettre l'accession à cette rampe. Cette galerie est aujourd'hui murée.
Le 21 mars 1944, un projet de 2 rampes supplémentaires est élaboré à partir de 2 galeries utilisées jusqu'alors par la Marine. Celui-ci devait permettre le stockage de 1.000 engins. Un autre projet d'installation de 4 rampes dans les environs du "Wasserwerk" était également à l'étude. Il devait se situer dans des galeries utilisées également par la Marine au Nardouet situé à 2 km au Sud d'Octeville. Le stockage prévu de ce site était de 300 engins.
Mais heureusement, ces projets n'ont jamais pu aboutir et le site a été investi par les troupes américaines le 27 juin 1944. La construction de la rampe de lancement n'était pas achevée puisqu'il restait à mettre en place le toit d'une épaisseur de 5 m. On peut estimer que les travaux réalisés ont nécessité environ 13.000 m3 de béton.
Bizarrement, il n'a jamais été bombardé puisqu'il n'avait pas été reconnu comme objectif "Crossbow". Bien qu'il ait été repéré et photographié à plusieurs reprises et l'évolution des travaux suivit régulièrement, son camouflage, les travaux souterrains invisibles d'avion et l'absence d'embranchement ferroviaire n'ont pas attirés autrement l'attention. Ce n'est que le 8 juillet 1944, quelques jours après sa prise en possession par les alliés qu'il a enfin été classé comme objectif "Crossbow".
Ce site, qui est le dernier des neuf grands sites dont la construction fut décidée, aurait représenté un réel danger pour l'Angleterre s'il avait pu être mis en service car, et combiné aux autres installations, il offrait un immense angle de tir : tous les ports et villes entre Southampton et la pointe de Cornouaille (dans un rayon de 270 km dans les terres) pouvaient être bombardés, ainsi que les zones industrielles de Bristol et Cardiff.
Winston Churchill fut invité après la Libération à visiter entre autres le site de Brécourt. En arrivant au pied de l'édifice, il laissa tomber sa pomme et s'exlama : "Oh my God !" en constatant l'ampleur du chantier entrepris. Depuis ce jour un pommier s'est développé au pied de la rampe de lancement, on l'appelle le Pommier de Churchill.
On accède au site par la rue Jacques Prévert. Après avoir franchi la grille d'entrée, on emprunte un chemin sur environ 100 m et on se retrouve nez à nez avec l'ouvrage. Il est à noter que ce site est fermé au public, sauf durant les journées du patrimoine organisées chaque année. Les passionnés regretteront sans aucun doute cette fermeture d'autant que Brécourt est le seul site à être resté dans l'état, sans avoir été bombardé.
PHOTOS :
En arrivant, 2 belles jeeps :
Les plans :
Les galeries :
La salle des machines :
Une galerie agrandie pour faire passer les longues pièces composant les fusées V1 :
1 des 8 réservoirs, le mannequin au milieu est à la bonne échelle.... :
Le mur séparant la salle des machines et une galerie :
La base "non terminée" de lancement des fusées, il manque un plafond de 5 mètres d'épaisseur pour se protéger des bombardements :
L'extraction des gaz lors du lancement :
La sortie de la galerie vers la base de lancement
Une fusée au point de largage :
Divers :
Une porte youhou :
Vue de l'extérieur :
Cadeau Bonux, une magnifique petite chinoise :