The Wire France, cf premier post
odan a écrit:C'est précisément parce que l'attention s'est focalisée sur Omar que tout c'est barré en sucette :
on est revenu à une polarisation archétypale avec d'un côté Snoop, la monstruosité absolue, et de l'autre Omar, l'ange vengeur, transcendant l'imparfaite justice humaine. Le gros plan sur les institutions, le nouveau maire, l'équipe d'enquêteurs sont complètement passés au second plan.
Du coup, la série pert sa saveur tragique pour quelque chose de plus familier. Dommage.
Bah on a pas vu la même série.
Je n'ai rien vu de tout ça, mais considérant que je n'ai pas vu non plus les défauts mentionnés plus haut par Soja, j'imagine que ça doit faire de moi un gros fanboy aveugle.
*Spoilers saison 4*
En premier lieu, aussi bien en terme de temps que d'image, ni Snoop, ni Omar n'ont droit à un si gros focus, bien au contraire, les derniers épisodes restent centrés avant tout sur les quatre gamins.
Snoop et Chris, qui servent d'illustration à la violence et à la cruauté la plus dénuée d'empathie (jusqu'au comique), restent malgré tout cantonnés à un rôle d'outil narratif, de fonction.
Ils permettent de provoquer la métamorphose de Michael ; et ils servent de Deus Ex Machina final pour briser Bodie, qui lui restait dans la série pour faire contraste entre les bangers old-school, les derniers à suivre un code, et les successeurs, plus pragmatiques, plus violents.
A mon sens la violence des 2 sbires de marlo n'est pas faite pour fournir un double négatif à Omar.
Ils sont plutôt là pour fournir un nouveau départ : Mike qu'ils forment d'une part, McNulty qu'ils remettent dans la course en finissant définitivement de supplanter le clan Barksdale de l'autre.
La réappropriation totale des corners avec une nouvelle génération de gangsters d'un côté, et la relance des écoutes et de la major crimes unit de l'autre.
Ils sont le carburant du passage de la saison 4 à la saison 5.
Alors qu'Omar reste Omar, un élément fictif indépendant destiné à apporter un peu d'extravagance, et à bousculer l'histoire quand c'est nécessaire.
C'est dans la perte de tous les personnages positifs que l'aspect tragique ressurgit : Bodie qui offrait à voir autre chose que l'assassin de son ami, Mike, Dukie et Randy, tous trois montrés comme les plus récupérables qui sombrent l'un après l'autre, Sherrod qui consume tout l'espoir que Bubs nourrissait en lui.
Rien ne tourne bien dans ce final. Comment ne pas voir dans la chute de ces personnages positifs, et dans l'échec de leurs tuteurs, autre chose que du pessimisme ?
Le maire ne passe pas vraiment au second plan non plus, simplement on nous le présente d'abord comme une force de changement, actif et potent, qui axe son action sur la violence des rues.
Et paf, d'un seul coup il est obligé de se soucier de l'éducation qui part en couille, et qu'il est incapable de faire marcher sans concession.
Là il devient personnage passif, soumis à la volonté d'un sénateur ( ? plus sûr de la fonction) du camp opposé. Si second plan il y a, cela reste signifiant, non ?
Et l'échec des institutions est illustrée là, dans son incapacité à tenir les rênes de la ville.
Et quid de l'incapacité de l'école à instruire quand il faut aussi faire de l'assistance sociale ?
J'ai 2 gros regrets :
- l'épisode final sacrifie à quelquechose que je trouve trop artificiel : le final élliptique en musique, dont je pense qu'on aurait très bien pu se passer ;
- le rapprochement artificiel des personnages en début de saison.
Le reste me paraît excellent et toujours inégalé à la télévision.
Mais comme je l'ai dit, je suis un fanboy.
*/Spoilers saison 4*
Je n'en suis qu'à la moitié, mais je conseille à ceux qui ont fini la saison 4 de lire un excellent interview de David Simon (attention aux spoilers quand même) qui évoque à la fois la substance et la réalisation de The Wire. Tout y passe, travail d'écriture, direction des acteurs, rapport au personnage, à la ville et son tissu social, etc... Riche et intéressant.
@Odan, pour ton pm : non je ne pense pas, à la fois son lien avec des personnages "historiques" des quartiers qui semblent bien le connaître (le vieux du garage), sa familiarité avec Chris qui évoque un lien constant et ancien, le fait qu'il ait besoin de Prop Joe pour glâner des infos sur les flics qui l'observent, et surtout Simon n'a jamais eu recourt à ce genre de ficelles.... Mais je rematerai le dernier épisode pour vérification.
"World goin' one way, people another" Poot