Re : C'est quoi les "auxiliaires ethniques"?
Les faits : une société de spéculation immobilière dite “Financière Norfolk” a acheté il y a deux ans un terrain d’environ 1,2 hectare à immédiate proximité de la réserve mowhak de Kanesatake, un boisé revendiqué par les Mowhaks. Le terrain aurait été vendu aux alentours de 100 000 $ (73 000 €), un faible prix pour ce qui était un investissement risqué étant donné que le terrain faisait déjà l’objet d’une revendication officielle et que le voisinage immédiat, la pinède d’Oka, est un lieu gravé dans la mémoire de tout Québécois.
Aujourd’hui, la “Financière Norfolk” réclame 400 000 $ du même terrain à la municipalité d’Oka qui souhaite racheter la parcelle pour la rendre définitivement inconstructible et apaiser les esprits. Pour faire monter la mayonnaise et arriver à se débarrasser de ce mauvais investissement à bon prix, le promoteur enchaîne les provocations médiatiques.
Au vu des faits, on ne peut s’empêcher de ressentir un élan de sympathie pour les revendications mohawks.
Sauf si vous êtes IQPLS (Indépendantiste Québécois Pure Laine de Souche). Car le IQPLS voue une haine viscérale aux Mohawks. Pourquoi ? Essentiellement parce que le Mohawk est anglophone.
Ça se traduit sur le Web par des commentaires comme celui-ci sur Ledevoir.com (et je vous prie de croire que les commentaires qu’il m’a déjà été donné l’occasion d’entendre de vive voix sont bien pires) :
Retournez d’où vous venez. Un conseil que les Mohawks devraient suivre eux-mêmes dont les terres ancestrales sont dans le compté de New York et qui parlent la langue de leurs maîtres. — Gebe Tremblay.
Le IQPLS lettré rappellera que les Mohawks, au sein de la confédération iroquoise, étaient dans le camp des Anglais contre la France lors de la Guerre de la Conquête (entre 1754 et 1760), guerre qui se finira par la cession de la Nouvelle-France à la couronne britannique.
Donc, forcément, la haine. Ce n’est pas pour rien qu’un peuple pétri de rancunes historiques (qui sont, de fait, identitaires) met au cul de ses automobiles la devise “Je me souviens”. “Je me souviens” comme l’éléphant qui tue le fils du méchant cornac des décennies après les faits.
Je ne peux par ailleurs m’empêcher de voir un signe de ce mépris francophone en comparant l’indigence partiale de la fiche Mohawks sur Wikipedia français et la fiche anglaise Mohawk nation.
Cette froide rancœur dicte de façon prévisible les réactions des IQPLS qui bloguent, comme Louis Préfontaine qui prend sans nuance la défense du “gentil promoteur bafoué dans ses droits”.
Les IQPLS défendent leur culture et le territoire qui y est associé. Les Mohawks font exactement la même chose sur leurs confettis de terres. Canada, deux solitudes. On oublie trop souvent la troisième, l’autochtone, généralement silencieuse (sauf chez les “mangeurs d’hommes”) et dont tout le monde détourne le regard, à l’exception des touristes.
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