Sujet : Indig?nes
Bon alors indigène c'est un film sur les Algériens (essentiellement) qui ont été enrolés dans l'armée d'Afrique pour libérer la France en 44 en passant par: Italie/Marseille/Vallée du Rhône/Vosges.
Le film montre comment ils se battaient, les relations avec les supérieurs, l'héroisme, la discrimination, tout ça... grossièrement, tout cela est historiquement exact ou au minimum plausible, ça évite l'angelisme (excessif) ou les partis pris (trop) flagrants et on pourra dire que ça peut être utile, voire carrément que c'est utile, puisque ça a permis à certains anciens combattants de recevoir une pension un peu moins foutage de gueule.
Voilà, tout cela est bel et bon.
Le problème c'est que quand je dis "le film montre", je pourrai très bien écrire "le film montre avec insistance", de manière très scolaire et schématique. Il ne faut pas penser à mal, ça relève plus d'un soucis d'éduquer l'imbécile moyen que promouvoir une revendication propagandiste et partisane (de ce point de vue on peut d'ailleurs dire que le flim fait preuve d'une retenue bienvenue). Le seul problème c'est que le spectateur qui dispose d'un peu d'intelligence (ce qui reconnaissons-le n'est pas le cas du spectateur moyen) risque d'être quelque peu exaspéré par ce démonstratisme appuyé.
Exemple, à un moment le groupe doit mener une mission (plus ou moins) suicide:
- le colonel français leur fait un gros discours ronflant "si vous y allez ce sera la preuve que les indigènes ont sauvé la France, blablabla on s'en souviendra blablabla je m'engage blablabla honneur patrie tout ça..."
- nos braves algériens se battent héroïquement pour "l'honneur blablabla tout ça" (séquence émotion)
- les renforts arrive
- colonel passe à coté d'eux sans les voir (message: les gradés c'est que des hypocrites qui abusent de la crédulité de nos braves indigènes)
- élégant travelling sur un correspondant de guerre qui flime des enfants français avec des soldats bien blancs "souriez les enfants, nos bons soldats bien Français vous ont sauvés"
(Message: la France a tout fait pour effacer le souvenir des exploits de nos braves soldats indigènes. )
- heureusement y a quelques petits vieux qui ont assisté au combat qui savent les vrais héros c'est les indigènes et qui les applaudissent
(message: oui, mais heureusement tous les français n'étaient pas ingrats, et puis l'héroisme de nos braves indigènes n'a pas échappé au paysans français qui comme on le sait son l'âme de la nation, prenons par exemples Alphonse Blanchard, artisan sabotier traditionnel dans les Vosges qui...)
Tout ça pour dire qu'avoir un message c'est bien, avoir plein de petits message c'est bien aussi, mais vouloir tout caser dabs un seul film, ça peut donner un résultat un peu... lourd.
Bon point, Djamel Debouzze et Samy Naceri, sont assez sobres (et les autres aussi d'ailleurs), on évite donc "Taxi: 1944" tourné façon la "Septième Compagnie chez les Bamboulas". Apparemment Luc Besson n'était pas disponible.
A noter que dans le film, Djamel Debouzze à 2 bras. incroyable non?
Autre point qui dit film de guerre dit, depuis le soldat Ryan, scène de guerre "réaliste" tout ça...
Là aussi c'est un peu poussif: les scènes de combat oscillent entre "le soldat Ryan mais en plus cheap" et l'"Agence tout Risque": avec notamment des scènes mémorable comme 3 soldat Allemands, qui plutôt que tirer dans le dos du Français (ou Algériens, ou Indigène enfin bref) qui se barre en courant à découvert préfèrent sortir de leur couvert... pour lui courir après; les groupes de 15 soldats allemands qui ratent les gentils à 10m; les renforts qui apparaissent comme par magie les mains dans les poches... Disons que ça épatera les gogos.
Le problème du film c'est qu'il joue sur beaucoup de tableaux à la fois:
- film historique
- film à message
- film communautaire
- film de guerre à prétention hollywoodienne
Ce qui est bien trop ambitieux au regard des tâcherons (sûrement de bonne volonté) au scénario et derrière la caméra. Bon c'est pas mauvais, mauvais, c'est juste médiocre.
En résumé, un film démonstratif, scolaire, peut être nécessaire, mais plutôt chiant, qui plaira sans doute beaucoup aux profs en col roulé, qui fument la pipe, portent des pantalons de velours et une barbe façon Robert Hue, qui se feront une joie d'y traîner leur élèves, ce qui fera à n'en pas douter le succès commercial du film.