Sujet : [série] The Wire - le meilleur de la série policière
The Wire est une des meilleures séries policières jamais diffusées, voire meilleure série tout court. Scénario sans faille, bien réalisée, un paquet de personnages travaillés et réussis. Inratable ! Mais à ne pas mettre entre les mains des mateurs fainéants qui se contenteront de séries populaires de merde.
La série
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Tout commence quand McNulty, flic de la criminelle de Baltimore, rapporte à un juge que le non-lieu qu'il vient de prononcer n'est qu'une victoire parmi d'autres du gang d'Avon Barksdale.
L'organisation serait responsable d'une dizaine de meurtres commis en toute impunité. Le juge décide de faire pression sur les autorités de la Police pour que Barksdale soit mis hors d'état de nuire.
La solution préconisée par McNulty : surveillance rapprochée et mise sur écoute des dealers de Barksdale.
Cette prémisse n'est finalement qu'une excuse : l'observation des criminels par les policiers conduit le spectateur à scruter ces quartiers pauvres des grandes villes américaines où la drogue fait vivre l'économie locale.
C'est tout l'écosystème des corners qui est passé à la loupe : les dealers, les drogués, ceux qui les arrêtent, ceux qui administrent et ceux qui essaient de (se) construire au milieu de tout ça...
Les créateurs rapportent l'inefficacité des institutions face à l'économie souterraine, et font l'autopsie de la guerre anti-drogue.
La représentation est réaliste, bien qu'engagée : David Simon créateur de la série est un ancien journaliste chargé des affaires policières, et Edward Burns, le co-créateur, est un ancien flic et un ancien professeur.
La série n'est heureusement pas aride et son charme repose sur le talent de l'écriture et la richesse de son casting : The Wire c'est le cable de téléphone qu'on épie, mais c'est surtout le fil d'Arianne qu'on suit pour découvrir la myriade de personnages (attention spoilers) au centre du récit.
Pas de star, pas de personnage principal, chacun des personnages a droit à sa part du gâteau et offre à voir un aspect particulier de ce microcosme.
Tous sont cohérents, et humains.
Les racailles de Baltimore sont bien loin des sempiternels et monolithiques méchants de fiction ou du journal de TF1. On les découvre ambitieux, aimants, attentionnés, futiles ; mais aussi cruels et sans scrupule parfois.
De l'autre côté les flics sont aussi nuancés que les précédents, avec des vies personnelles délabrées et chaotiques, alcooliques quand vient la nuit, mais bosseurs et dévoués. La poignée d'entre eux que l'on suit plus particulièrement ont à coeur de faire de la "good police".
Loin du clinquant d'autres séries, The Wire est exempt d'héroisme, le scénario évite les grands moments dramatiques et les dialogues inutiles.
Les acteurs jouent, juste, un texte ciselé, simple et authentique.
La réalisation, enfin, est léchée, bien que conventionnelle.
Les personnages
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Je vous aurais bien brossé un portrait de chacun des personnages principaux, mais j'y serai encore demain, alors je vais me contenter d'une poignée d'entre eux.
Jimmy McNulty : la figure de proue de la série. C'est par lui que survient la création de l'unité spéciale. A cause de lui je devrais dire, puisqu'il a tendance à mettre son nez là où il ne faut pas, et à copieusement remuer la merde, pour le malheur de ses supérieurs se souciant plus souvent de politique et de chiffres que de faire chier les ténors du crime. McNulty c'est le prototype du limier, scrupuleux, même avec la paperasse (le début de la saison 2 est fendard à cause de lui), persévérant dans ses enquêtes, efficace. Il constitue également une source intarissables d'humour.
Stringer Bell : le bras droit du gang d'Avon Barksdale (l'organisation sur laquelle se concentre l'histoire en particulier) et la némésis de McNulty. C'est un gangster atypique, intelligent, cultivé, il contrôle les opérations en entrepreneur, mettant à profit des études de businessman pour vendre de la drogue comme d'autres vendent des chaussures. C'est également celui qui contribue à transformer le gang en organisation légale, investissant son argent dans l'immobilier et dans le graissage de pattes des leaders de la cité. C'est certainement le personnage le plus sexy de la série, et un des plus attachants, jouant beaucoup sur l'imagerie du criminel qui assure et joue plus de diplomatie que de violence.
Omar Little : Omar ! Omar ! Omar ! Le moins réaliste de tous (j'imagine), mais le meilleur sans doute. Le boulot d'Omar c'est de truander les truands, fusil à la main et gilet pare-balle sous le manteau. Omar bénéficie d'une aura comme aucun autre, en partie due au code d'honneur qui le guide. Le meurtre de son petit ami le conduira à collaborer avec la police pour faire tomber quelques têtes, avant de retourner à ses moutons.
Les influences
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Les auteurs et producteurs de la série ne sont pas des scénaristes issus du monde de la télé.
Il s'agit en fait d'écrivains et de journalistes. Leur connaissance de visu et documentaire des problèmes liés à la criminalité et à la pauvreté de villes telles que Baltimore explique le réalisme de la série, comme la trame complexe et la foison de personnages.
* David Simon - Homicide, A Year on the Killing Streets
Simon partage un an du quotidien d'une brigade criminelle chargée des homicides.
Il suit les inspecteur au plus près alors que le trafic de drogue commence à faire croître le taux de criminalité (début des années 90).
* David Simon, Edward Burns - The Corner: A Year in the Life of an Inner-City Neighborhood
Cette fois, il passera une année avec Edward Burns dans un quartier de Baltimore où le trafic est roi, entre camés et petits dealers.
Deux ouvrages super documentés et précis, tous les deux adaptés à la télévision.
L'environnement décrit forme le squelette de The Wire.
Un nombre considérable d'anecdotes hallucinantes seront reprises telles quelles dans la série.
* George Pelecanos
Un auteur de fiction originaire de Washington D.C. (proche de Baltimore donc).
C'est sans doute, après les 2 créateurs, celui qui a eu le plus d'influence sur la série.
Ses romans sont noirs, très, des hard-boiled modernes ancrés dans la réalité où les enquêtes sont moins importantes que les protagonistes qu'elles impliquent.
Il utilise des personnages focalisateurs multiples, des dialogues solides et empreints de réalisme, et des trames indépendantes qui se croisent avant d'entrer violemment en collision les unes avec les autres.
* Richard Price
Dans son roman Clockers, on suit tour à tour, un flic de la crim' enquêtant sur un meurtre, et celui qui deviendra son principal, suspect pourtant innocent.
Price décrit les vies et les motivations de ces jeunes "normaux" qui vivent du traffic de la drogue par manque d'alternative.
* Dennis Lehane
Du roman noir un poil plus fantasque que Pelecanos (à l'exception de Mystic River).
Du suspense et de la violence bien ficelés.
La critique
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Il y a eu une véritable lame de fond de soutien envers la série, en grande partie parce que comme toutes les séries HBO, la bonne qualité ne va pas avec les fortes audiences. Prenant peur pour l'avenir de The Wire peut-être, beaucoup ont sorti leur plume pour promouvoir son excellence, et sont donc venu ajouter leurs voix à celle déjà nombreuses des critiques (attention c'est bourré de spoiler, n'en étant qu'au milieu de la 3ème saison, je n'en ai lu que très peu). Mission réussie, une 5ème saison est programmée.
Slate's Jacob Weisberg on The Wire
"no other program has ever done anything remotely like what this one does, namely to portray the social, political, and economic life of an American city with the scope, observational precision, and moral vision of great literature".
Via Jason Kottke
Stephen King: big fan of The Wire
"The Wire keeps getting better, and to my mind it has made the final jump from great TV to classic TV." Warning, some season 4 spoilers.
Via Jason Kottke
Bill Simmons seal of approval
I'll go this far: I'd put Season 1 of "The Wire" against anything. The first three seasons of "The Sopranos." Seasons 1 or 2 of "24." The first seasons of "NYPD Blue," "ER" or "Miami Vice." You name it. I have never seen a show like it. Season 2 wasn't as good (if Season 1 was an A-plus-plus-plus, then Season 2 was a B-plus), and we're just about to dive into Season 3, so I don't have an opinion on that yet. Everyone seems to agree that they outdid themselves with Season 4 and that it's a legitimate masterpiece. Just know that you can absolutely start watching Season 4 without having seen the other three seasons. It's not an ideal way to break into the show, but you can do it.
Via Jason Kottke
Patton Oswlat - Please watch something for me
"The Wire is one of the few times you'll watch TV and not feel like the people making TV think you're a fucking idiot."
Via TVsquad.com
Des liens vers les critiques sont disponibles sur la page de wikipedia
Previously on The Wire
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Les 4 premières saisons en 4 minutes :
[video]http://www.youtube.com/v/mTY_V2s8R4c[/video]
* Saison 1 - Les rues. Jimmy McNulty rapporte à un juge que le gang d'Avon Barksdale a commis une dizaine de cadavres dans une relative impunité. Faisant pression auprès du divisionnaire, le juge obtient de la police une unité détachée pour surveiller Avon Barskdale.
* Saison 2 - Les docks. Éparpillés entre différents services, les membres de l'unité du Lieutenant Daniels sont rassemblés suite à la découverte d'une quinzaine de jeunes femmes mortes dans un container. L'unité devra surveiller les petits traffics du port de marchandise qui étouffe sous le poids du chômage.
* Saison 3 - La drogue. l'unité est de nouveau affectée à la surveillance des gangs de Baltimore alors qu'une guerre s'annonce entre eux. Pendant ce temps le commandant du Western District pressé par ses supérieurs de faire baisser les mauvais chiffres de la criminalité décide de mener une expérience audacieuse qui va changer le visage de ses quartiers.
* Saison 4 - L'école. Barksdale en prison, c'est Marlo Stanfield qui reprend son territoire en main. Sa prudence désespère l'unité chargée de le surveiller. Et pourtant Marlo fait tomber les têtes. Pendant ce temps là d'anciens flics découvrent le délabrement des écoles publiques et tentent d'offrir à ces jeunes de nouvelles oppportunités.
* Saison 5 - Les mensonges. Carcetti veut en priorité s'occuper du problème des écoles, mais pour ça il a besoin de moyens, et c'est la police qui en fait les frais, l'investigation contre Marlo est close. McNulty, écoeuré, décide de créer de toutes pièces un tueur en série s'en prenant aux SDF pour que des moyens lui soient accordés. Au Sun de Baltimore, un reporter ambitieux et épris de sensationnalisme prétend être devenu l'interlocuteur privilégié du tueur.
Quelques extraits
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Det. William 'Bunk' Moreland: Them Greeks sure have some weird-ass names.
Det. James 'Jimmy' McNulty: Hey, don't knock the Greeks. They invented civilization.
Det. William 'Bunk' Moreland: Yeah, and ass-fucking, too.
Dennis 'Cutty' Wise: The game done changed...
Slim Charles: Game's the same, just got more fierce.
Det. William 'Bunk' Moreland: You seem awfully happy today.
Detective: I got laid last night.
Det. William 'Bunk' Moreland: Oh yeah? Your asshole still hurt?
Omar: Ayo, lesson here, Bey. You come at the king, you best not miss.
Omar: All in the game yo, all in the game.
Sources
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- site officiel
- The wire sur wikipedia
- sur TVsquad
- sur Imdb
- le blog de Jason Kottke
- la criminalité à Baltimore
- les pages de citations sur wikiquote et imdb
Articles de presse, interview, etc...
- Stealing Life - The crusader behind "The Wire" - 22 oct. 2007
- Behind The Wire (interview de David Simon) - 1 déc. 2006
- The Angriest Man In Television (un point de vue intéressant sur les opinions tranchées de Simon) - janv./fév. 2008
- The Wire: David Simon Q & A - 9 mars 2008
- "Fuck the average reader" - août 2007
- liste exhaustive des articles consacrés à la série
Connexes et récents :
- l'échec de la guerre anti-drogue ?
- What Do Real Thugs Think of The Wire?, ou quand les vrais gangsters commentent la série.
Vidéos :
- les débuts de un court métrage qui a contribué à faire reconnaître Jamie Hector (Marlo) Five deep breaths (le réalisateur du court a également travaillé sur la série, et sur pas mal d'autres depuis)
- The Wire's David Simon at Harvard (vidéos)
Et pour finir
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Pas encore vus :
- David Simon sur l'écriture de The Wire
- documentaire de promotion : The Wire - The Game part 1 - part 2 - part 3 - part 4
En France la série s'appelle Sur écoute et les 4 premières saisons sont disponibles en zone 2 sur amazon : saison 1, saison 2, saison 3, et saison 4.
Toutes les saisons dispo sur multimania.
On en parle ailleurs dans la famille
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- Les spoilers de la saison 5
- Le blog NF de Likid, grâce auquel j'ai découvert la série et, sa courte review de la saison 4
- Sur le blog NF de Chavez
- Sur le blog NF du Doc
[Comme d'habitude, le style de l'article est un peu lourd et je m'en excuse. Si vous trouvez que quelque-chose n'est pas très clair, posez la question, je tâcherai d'éclaircir. Si vous voyez des fautes, dites le moi.
Merci]