Traité sous un angle « culture générale », ça me donne ça :
« Peut-on choisir sa culture ?»
En introduction, tu relèves les polysémies.
Le premier concept à cerner est celui de culture. S’agit-il de culture au sens où Lévi-Strauss en parle dans « Race et Culture », c’est à dire « la culture comme l’ensemble d’éléments, arts, loisirs, croyances, liens de parentés, etc., unissant une société et régulant son harmonie. » Ou de culture au sens sociologique de « sous-culture », c’est à dire « l'ensemble des valeurs, des pratiques et des normes particulières à un groupe social à l'intérieur d'une culture plus globale tout en s'y différenciant par des éléments secondaires » ? Ton devoir doit envisager les deux acceptions du terme.
Ensuite, on peut tirer quelque chose du verbe « pouvoir ». Ce qui est questionné n’est pas l’abstrait, mais la pratique : le pouvoir s’exerce. Ce qui est questionné est donc l’existence d’une faculté.
Maintenant la problématique : pourquoi poser cette question aujourd’hui ? Qu’est-ce qui est en question derrière la question ?
D’un côté le pouvoir de choisir n’a jamais été aussi grand. La fin des nations (les ex-IEP pourront citer Ernst Gellner, ça leur fera plaisir), la mondialisation (intensification des échanges économiques et culturels) associés à la dynamique de l’individualisme permettent aujourd’hui une forme de choix de culture au sens anthropologique, notamment à travers la construction de sociétés multiculturelles.
Tandis que à l’intérieur de la culture globale, la société de consommation, segmentée en niches pour permettre le mécanisme de distinction sociale par la culture en réaction à l’apparition d’une culture de masse, le tout associé à la dynamique de l’individualisme (elle est utile, celle-là) donne à l’individu une liberté de choix de sa sous-culture.
Ce constat posé dans notre I A), on va exposer dans le IB) les problèmes immédiats qui s’opposent ou rendent plus difficile un tel choix.
On décrit donc les déterminismes qui pèsent sur le choix individuels, déterminismes qui sont aussi culturels et qui posent la question de la liberté du choix final. Pourtant il faut constater la réalité de ces choix.
L’autre question est celle de la valeur : tous les choix sont-ils judicieux/toutes les cultures se valent-elles ? On pourfend avec Finkielkraut le relativisme culturel (« la défaite de la pensée »), tout en se gardant avec Montaigne de tout ethnocentrisme (« chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage », Pensées)
Une fois qu’à la fin de la première partie on a exposé le message de base (possibilité mais difficulté et ambigüité du choix), on peut passer à la deuxième partie.
Le II A) va exposer les problèmes à moyen et à long termes les plus préoccupants, sans dresser non plus un tableau catastrophique.
On dira donc que l’ambition de choisir sa culture n’est pas dénuée de risques. Risque d’affaiblir le vivre-ensemble à la base de toute société, à travers les conflits de valeur (culture au sens premier) entre cultures. Risques de « tribalisation » de la société (ceux qui aiment la sociologie non rigoureuse et fière de l’être de Maffesoli peuvent citer son « temps des tribus » ici). Mais aussi risque pour l’individu dans la société de consommation de devenir un simple consommateur passif de culture, un spectateur (Debord, « la société du spectacle »).
Le choix de sa culture par l’individu est donc porteur de risque non négligeables. Comment conjurer ces risques ?Sachant que le II B) doit toujours être optimiste, vous avez la solution pour le correcteur : au delà du choix de sa culture, il faut faire le choix de la culture.
Le choix de la culture étant (désolé pour la suite mais le II B) est toujours un lieu hypocrite et politiquement correct) d’abord l’acceptation de l’altérité culturelle, mais sans renoncer à défendre ses valeurs (culture au sens premier). Mais choisir la culture, c’est aussi en devenir un acteur (Vive Jack Lang) et les moyens pour chacun de devenir cet acteur existent pour l’individu occidental grâce aux politiques culturelles(culture au sens de sous-culture).
Conclusion : au delà du choix et de sa possibilité, qui est réelle, chacun se doit de mener le combat pour la culture.
Conclusion 2:une petite distraction pendant la pause, ça fait du bien.
"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."