Sujet : L'Expert
Acte I, Scène 1
Une grotte. Une paillasse sale est posée à côté d'une palette moisie qui sert de table. Sur celle-ci, une bouteille de pastis discount est à moitié terminée. Un quadragénaire usé semble méditer. Entre un jeune qui n'a pas encore jeté sa gourme mais plein d'allant.
LE JEUNE : Oh ! Mes respects Maître ! On m'a dit que je vous trouverais ici !
LE QUADRA : On ne t'a rien dit. Tu ne trouveras rien ici. Et tu n'es pas ici. Tu es là.
LE JEUNE : Mais ! Je vous ai vu en photo, je sais à quoi vous ressemblez, bien que vous ayez la figure un peu étique aujourd'hui, que vous...
LE QUADRA : Ne m'emmerde pas avec l'éthique ou la morale, ou n'importe quel truc de philosphe mondain à la con, jeune merdeux ! Je suis venu dans cette grotte pour fuir les horreurs du monde moderne !
LE JEUNE : Mais Reblochon-san...
LE QUADRA : Ne m'appelle plus jamais comme cela ! Sache jeune connard que Reblochon est mort.
Il boit une gorgée du mauvais pastis.
LE JEUNE : J'ai pourtant besoin de vous ! Il faut que vous m'enseigniez ce que vous savez, il en va d'une cause extraordinaire...
REBLOCHON : C'est fini petit. Je n'enseigne plus mon troll à personne, j'ai raccroché les gants.
LE JEUNE : Oui, je sais tout. C'est à cause de votre combat en mars 2009 contre TheDarkDreamer. Il prétendait que la non condamnation de Dominique de Villepin dans le cadre de l'affaire Clearstream était juridiquement juste alors que vous arguiez qu'il fallait pendre ce connard. Très vite, vous fûtes acculé face à quatre adversaires : TroyMcLure, Chavez, Aliocha, et TheDarkDreamer, toute la gauche décomplexée du site de racistes. Mais c'est quand ChutChutPasDeMarque revenu depuis sur l'Asile qui, après deux ans de lavage de cerveau par l'éducation nationale, avait viré sa cuti politique, vous a trahi en disant que vous ne compreniez rien au sujet, que vous avez été anéanti. La trahison vous fut fatale, et vous ressentîtes ce parricide comme la gorge de Clytemnestre la lame vengeresse d'Oreste.
REBLOCHON : Aaaaah ! Jean ! Jean ! Jean ! Toi dont j'ai interdit que l'on prononçât le nom devant ma face ! Que n'ai-je plus assez de volonté pour égorger ce paltoquet qui vient m'assassiner les oreilles d'un souvenir si cruel !
LE JEUNE : Non Reblochon-san ! Je ne suis pas dans votre paisible retraite pour vous tourmenter. Je suis là, assoiffé de sophismes, d'argumentum in terrorem et d'amphibologies, je veux boire à la source de votre troll. Vous devez m'enseigner votre troll.
REBLOCHON : C'est fini fils. Mon troll ne vaut plus rien face aux nouvelles techniques importées d'Asie. Tu as entendu les officiels chinois parler de la justice en France ? Et voilà, tu as compris.
LE JEUNE : Mais, Reblochon-san, aucun officiel chinois n'est capable de changer un avion en missile comme vous le faites avec votre maintenant célèbre « argument des mille oiseaux de paix » ! Rama Yade, que l'on dit une championne de la mauvaise foi et de la petitio principii, ne saurait comme vous faire passer Le Pen pour le Yannick Noah de la politique. Vous souvenez-vous de cette redoutable technique : « les vagissements du Singe joueur de flûte » ? Et qui, encore, est l'inventeur du « fou qui danse avec le chien » grâce auquel vous avez démontré que dans un prétoire ce n'est pas le coupable qu'il faut condamner mais le juge ? C'est vous Reblochon-san ! Vous, vous et encore vous. C'est votre troll qui est le meilleur. Et je désir que vous me l'enseigniez.
REBLOCHON : Plus personne ne souhaite troller petit. Regarde-les maintenant, ce qu'ils veulent, c'est de la vérité. Ô maudite qui m'a tant pris !
LE JEUNE : Reblochon-san, je sais que votre épouse est partie avec TheDarkDreamer. On dit qu'ils se sont rencontrés dans un séminaire sur le code napoléonien en France et au Québec. Je comprends l'acrimonie qui vous ronge, mais, Reblochon-san, l'heure est grave. Nous sommes en 2012. Il faut faire ressurgir le troll des entrailles de la Terre. Les élections sont dans trois mois.
REBLOCHON : Tu as des couilles petit. Tu me plais bien. Comment te nommes-tu ?
LE JEUNE : Field. Michel Field. Un peu comme l'animateur de la télé.
REBLOCHON : Je vais y réfléchir cette nuit. En attendant, viens partager ma couche, tu seras ma squaw.
MICHEL « SQUAW » FIELD : Avec enjouement et honneur Reblochon-san !
Rideau