Ah le temps que j'écrive ça, les journaux ont exhumé le reste du discours, où, égal à lui-même, le conjoint de Carla Bruni arrive à dire trois conneries en une phrase :
Ces programmes "donneront la priorité absolue à la maîtrise de la langue", a-t-il poursuivi citant "le vocabulaire, qui est un instrument de liberté, l'orthographe, par quoi notre langue se tient debout" et "la grammaire, qui est le commencement de toute pensée".
Nous parlons donc de "maîtrise de la langue", ici, le français, je suppose, langue qu'il assassine avec un soin calculé lorsqu'il ouvre la bouche.
Le vocabulaire n'est pas un instrument de liberté, en français de France, c'est même tout le contraire car nous sommes l'un des pays les plus conservateurs en linguistique. L'existence de 40 connards qui se surnomment avec arrogance "les immortels" en est l'une des preuves - je dis ça affectueusement, je respecte immensément Lévi-Strauss ou Serres quand on ne les peint pas en vert. La loi Toubon aussi. Toute invention lexicale est un barbarisme, Ségolène Royal en a fait les frais pendant la campagne, d'ailleurs, on a entendu parler que de ça. Bref, le vocabulaire - enfin, on dit "le lexique" depuis 40 ans, mais passons - ce n'est pas la liberté, c'est une prison. On n'est pas aux States.
L'orthographe n'est pas ce qui tient debout la langue, je suppose qu'il a voulu faire une métaphore de canard et qu'il voulait dire "l'orthographe, c'est le squelette de la langue", ce qui encore une fois est une ânerie. À la rigueur, l'orthographe est le costume de la langue : elle est dispensable (on peut savoir parler sans savoir écrire, tout comme on peut vivre nu), elle permet d'indiquer le niveau social de quelqu'un, et elle montre le respect des convenances. Quelqu'un qui écrit très mal, c'est un peu comme la vieille conne qui se pointe avec une robe rose-bonbon à un enterrement parce qu'elle n'a rien compris. Bref, ce n'est pas l'orthographe qui est responsable de la stature de la langue - c'est le rôle de la syntaxe - car elle ne fait que l'habiller.
La grammaire n'est pas le commencement de la pensée, d'ailleurs, c'est le mot qui est le commencement de la pensée, d'ailleurs, c'est même marqué dans les premières lignes de la Bible. Il peut y avoir des pensées agrammaticales, on ne voit ça qu'en psychiatrie, mais ce sont des pensées quand même, tout comme les pensées poétiques, ou les pensées sous acides. La grammaire est purement conventionnelle et sert principalement aux gens à communiquer avec les personnes qui possèdent le même lexique qu'eux.
Enfin, bref, entendre un type parler au pif, dire des mots au hasard, mélanger des concepts qu'il ne comprend pas, pour parler de sa propre langue et dire aux Français qu'ils sont cons et qu'ils vont devoir apprendre le bon français, ça me fait marrer. Parce que je n'ai pas à lui confier mes enfants.
Je laisse aux spécialistes des sciences le soin d'enfoncer le type insignifiant qui s'est fait passer la bague au doigt par Carla Bruni sur le point des mathématiques. J'ai quand même beaucoup aimé son apprentissage du calcul par "la résolution de problèmes liés à la vie courante". Putain, ça c'est révolutionnaire ! Enfin un candidat qui réforme, qui est courageux, qui lutte contre les conservatismes et le politiquement incorrect : "nos chères petites têtes blondes" vont finalement apprendre à savoir combien de centimes leur rend l'épicier quand il achètent une pomme avec 5 euros au lieu de bêtement calculer des trajectoires d'ICBM ou des énergies de collisions de particules sub-hadroniques ! Merci le mari de Carla Bruni \o/