Sujet : Le jambonneau ou r?cit d'un orgasme gastronomique
Dimanche matin, je concourrais avec d'autres amateurs autour de l'hippodrome de Longchamp pour le titre de "Roi de la pédale" du Bois de Boulogne. Hélas, une crevaison m'a conduit à abandonner la compétition.
Du coup, c'est à l'heure où les commerçants remballent que je suis arrivé au marché de l'avenue de Versailles. Exit donc la poule que je comptais préparer au Nuoc-Man: le volailler s'était envolé.
Pris de panique à l'idée d'être privée de ma ration de viande, je me rue chez le charcutier. Celui-ci cherche à toute force à me vendre la fin de son jambon. N'étant ni crésus, ni naïf, je refuse, mais son offre m'a inspiré; je repars avec un jambonneau arrière demi-sel, acheté à un prix au kilo tout à fait acceptable.
Rentré chez moi, je mets la viande à dessaler dans de l'eau. Je laisse dessaler six heure, en changeant l'eau toutes les deux heures. A huit heures du soir, il était prêt à être cuit.
Pour cuire le jambonneau, de nombreuses variantes existent. J'ai opté pour la plus simple.
Tout d'abord j'ai fait rissoler dans un grand faitout une carotte coupée en rondelles et un oignon émincé avec un peu de beurre. J'ai ensuite ajouté le jambonneau et mouillé le tout avec un litre et demi de bouillon de volailles(j'en avais fait décongeler un maison poour l'occasion).
Pendant deux heures, les effluves qui émanaient de la cuisine m'ont mis les narines en émoi.
Au terme de la cuisson, j'ai laissé tiédir, puis mis le récipient contenant viande et bouillon au frigo.
Lundi matin, j'ai goûté par curiosité une carotte. Elle était fondante et goûteuse à souhait, j'en frémissait de plaisir. Quand, le soir, je me suis coupé une tranche de jambonneau, le résultat était plus que bon.
C'est quand j'ai goûté le bouillon en me demandant s'il pourrait me servir pour une soupe aux choux que j'ai eu l'orgasme. Les saveurs déferlaient sur ma langue, dans un mariage parfait, un sentiment de plenitude m'a envahi, à tel point que ma vue s'est brouillée un instant.
Et là, j'ai su que j'avais sur la langue le bouillon ultime.