Bon alors dans mon exploration des cités interlopes de France et d'ailleurs, j'ai pu comparer la semaine dernière Grenoble et Genève.
- Grenoble :
J'ai adoré cette ville. Oui c'est moche : à l'exception d'un vieux quartier et d'un bout d'avenue à peu près haussmannien, toute l'architecture date de l'après-guerre, et en plus, c'est cher, normal, les gens ont du boulot là-bas. Donc au final on a une ville ouverte, qui bouge, où les citadins ne tirent pas la tronche, où les lieux de sortie sont riches et variés, d'ailleurs il y a des bars partout. C'est simple, même en période creuse (i.e. quand les étudiants ne sont pas là), il est facile de trouver un lieu qui fait bien la fête. Bref, ce que la ville ne montre pas à l'extérieur se trouve à l'intérieur. À noter le paradoxe entre la pollution de la ville et sa propreté au sol : y a pas de poubelles partout, de bagnoles brûlées, de rats, bref, c'est pas Paris. Il n'y a pas de clodos non plus, mais c'est pas l'endroit rêvé pour passer l'hiver dans la rue.
Je ne vais pas non plus en rajouter sur la banlieue : le Vercors et la Chartreuse sont des belles réussites du Seigneur tout puissant (gloire à Lui au plus haut des cieux, pour les siècles des siècles, et caetera) et il suffit de quelques minutes en bagnole ou en bus, d'une paire de raquettes, et d'une boutanche, pour aller tchiler peinard toute la journée dans les cols.
- Genève :
Mon Dieu, c'est Beyrouth par contre, on risque de se prendre des bombardements de Breitling et des Rolex perdues à tous les coins de rue. D'ailleurs, les Saoudiens ont déjà envahi la ville. C'est moche aussi. Enfin, c'est plus vieux, plus classe que Grenoble, mais ça a encore moins d'âme architecturale, parce que chez les calvinistes, on ne s'amuse pas. J'en ai fait la cruelle expérience.
Le paradoxe de Genève, c'est que les Suisses sont des types adorables, mais qu'à aucun moment on n'a le loisir de le savoir. C'est simple, je ne sais pas trop où ils se cachent. Peut-être dans ces fameux abris anti-atomiques dont on m'a parlé et qu'on trouve dans chaque quartier. Les Suisses sont cools, un peu trop peut-être car quand on vient de Paris on ne peut pas biologiquement s'adapter au rythme de là-bas, et ça les rend comme éthérés, ils se dissipent dans l'air des montagnes et dans les effluves des parfums de luxe.
Ah ! J'ai peut-être oublié de préciser que c'était la ville où il y avait peut-être le plus de vieux au monde. Et croyez-moi, je m'y connais, j'ai passé du temps en Floride. Là, même le nord de Miami peut pas test. Sur trois boutiques, dont une banque et une échoppe de luxe, il y a une pharmacie. Bloquer dans un embouteillage parce que tout le monde suit un mec en fauteuil électrique, qui roule au milieux de la rue, ça surprend la première fois. C'est un cauchemar pour l'automobiliste parisien - ou même français en général - qui aura du mal à se départir de ses réflexes - je te colle, je donne un coup d'accélérateur nerveux, je fous un coup de klaxon et un appel de phare, je double par la droite en grillant un feu et une priorité, je te fais un doigt et je pars à toute blinde - mais pour le piéton, c'est un vrai bonheur, c'est tout juste si les conducteurs ne sortent pas de leurs véhicules pour faire une courbette en vous donnant du "Monsieur" quand vous traversez... Enfin, tant que c'est dans les clous, parce que sinon...
Tous les Suisses que j'ai rencontrés avant étaient de bons fêtards. Ils doivent faire ça dans les montagnes ou dans des bleds pas trop connus, parce qu'à Genève c'est impossible. On n'a pas visité le gros squat du coin, ça avait l'air trop connu, donc on a passé la journée et une partie de la nuit à chercher un petit quartier qui bouge, et qu'on n'a jamais trouvé. Pourtant, ce n'est pas faute de l'avoir fait un samedi soir et d'avoir attaqué la ville par tous les flancs. On a vu des boîtes saoudiennes, des chouettes restaus, un unique peep-show, quelques pubs banals, des bars branchés mais vides. On a fini au Luna park, les boules...
Par contre, bon plan avec la flambée de l'euro. On se retrouve dans un pays riche à payer les clopes, l'alcool, l'essence et même les restaus moins chers qu'en France, alors que les Suisses s'arrachent les cheveux sur l'inflation. Vue la réputation des prix de la ville, on pensait vivre comme des polonais à New York, ça faisait bizarre...
Voilà, en définitive, gros coup de coeur pour Grenoble, et encore merci à JuB pour les teufs !