«
Que voulez-vous que cela fasse
A un homme comme moi, dit
Napoléon,
Les regardant
Qui l'acclamaient sous le balcon,
La vie d'un million d'imbéciles ? »
(Il dit un mot plus court que
Metternich, galant,
N'osait pas répéter aux dames.)
Au lieu de rétorquer : «
Mais,
Sire, ils ont une
[âme... » (C'était la réplique facile)
Metternich demeura de glace,
Sourit dans sa cravate et ne dit rien.
Le mot était lâché, il serait historique;
Le fin renard se doutait bien
Que le
Corse, par lui, aggraverait son cas.
Lui
Metternich, bien sûr aussi, dans la pratique-Mais lui, il ne le disait pas.
A ce moment, sournoise et rancunière,
La puce qu'il avait déjà chassée
De son gilet, par tant de sans-gêne agacée,
Piqua
Napoléon au derrière...
On a beau être
Napoléon
On ne peut pas se le gratter dans un salon.
Le masque du maître du monde
Se durcit une seconde;
Et
Metternich, sans cesser d'être souriant,
Sentit l'Europe soudain jetée sur la table
Comme un quartier de bœuf saignant.
Tranchant,
Napoléon dit : «
Non ».
Dès lors, la guerre était inévitable ;
La parole était au canon.
L'histoire n'a pas retenu le nom
De cette puce.
Elle l'aurait pourtant piqué ailleurs, ne fût-ce
Qu'un peu plus haut, un peu plus bas,
L'Empereur détendu renonçait au combat.
A quoi cela tient tout de même !
Gémit le philosophe blême :
Le nez de
Cléopâtre il eût... et cœtera.
Changeant — hélas ! trop tard pour la
France —
de place
La puce, sans marquer d'émoi,
Poursuivit son exploration
De l'impérial caleçon
Et dit : «
Que voulez-vous que cela fasse
A une puce comme moi
Le derrière de
Napoléon ? »