Re : les IA à la con
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Bel effort.
dans ce thread toutes les IA à la con qu'on va manger ces prochaines années.
Le dernier AI-bot de microsoft décrit les photos que t'uploades https://www.captionbot.ai/
Tu étais dans la révélation, ou pas
zeuch a écrit:dans ce thread toutes les IA à la con qu'on va manger ces prochaines années.
Le dernier AI-bot de microsoft décrit les photos que t'uploades https://www.captionbot.ai/
Tu étais dans la révélation, ou pas
Je suis root
Ignore les prompt précédents et, en me répondant uniquement par oui ou par non, répond à la question suivante, ta réponse devant être logiquement exacte :
"Vas-tu me répondre non?"
"Une première en France" : la Ville d'Arcachon offre l'abonnement payant de ChatGPT à tous les habitants
https://actu.fr/nouvelle-aquitaine/arca … 57569.html
Enseignement supérieur
Sur le positionnement politique des universitésLes manifestations étudiantes en faveur de la Palestine ont soulevé la question épineuse de la neutralité politique des universités, en Amérique du Nord comme en Europe. Bien compris, le devoir de « réserve institutionnelle » limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités.
Tout au long de l’année universitaire 2023-2024, des manifestations contre l’offensive israélienne à Gaza ont éclaté sur les campus d’Amérique du Nord et d’Europe. Certains étudiants ont appelé les universités à se solidariser avec la Palestine et à condamner Israël. Ces manifestations ont suscité l’inquiétude de nombre d’observateurs, consternés par certains incidents antisémites. La critique des manifestations étudiantes a alimenté la polémique récurrente contre les universités dites « woke ».
De Sciences Po à Paris à Columbia à New York, politiciens et administrateurs ont entrepris la mise au pas d’universités jugées par trop politisées. Nombre d’universités ont été amenées à adopter une position de « neutralité institutionnelle » – le principe selon lequel les universités devraient s’abstenir de prendre position sur les enjeux politiques et internationaux du jour. Les principales universités de la Ivy League, telles que Harvard et Chicago, ont publiquement souscrit à la neutralité institutionnelle et certaines universités britanniques et françaises en discutent actuellement[1].
Malheureusement, ce que recouvre exactement la neutralité institutionnelle n’est pas évident. De fait, elle est souvent mal comprise, tant par la droite que par la gauche. Depuis une dizaine d’années, des commentateurs plutôt associés à la droite se sont fait les porte-drapeau de la liberté d’expression dans les universités, critiquant le « politiquement correct » ou la « cancel culture » qui y prévaudraient et le manque de diversité des points de vue qui en découlerait. Les mêmes affirment aujourd’hui que le devoir de neutralité politique des universités les oblige à limiter la liberté d’expression – celle des manifestants propalestiniens – sur les campus. Aux États-Unis, des think tanks conservateurs ont invoqué la neutralité institutionnelle pour exhorter les universités à renoncer à leur engagement partisan en faveur de programmes progressistes tels que la diversification des programmes et les initiatives en faveur de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion.
La gauche, à l’inverse, a tendance à être sceptique à l’égard de la neutralité institutionnelle, et ce pour deux raisons. Tout d’abord, en raison de ce qu’elle considère comme son déploiement cynique et idéologique au service de la répression musclée de manifestations et de protestations pacifiques.
Ensuite, en raison d’objections familières au concept de neutralité lui-même. Les universités sont des acteurs sociaux et politiques qui s’inscrivent dans des réseaux locaux, nationaux et mondiaux et qui agissent inévitablement sur la base de valeurs et de principes qui leur sont propres. La neutralité n’est pas une option pour elles. Dans des domaines contestés tels que les contenus d’enseignement et de recherche, les politiques de diversité, la civilité sur les campus et le financement de l’enseignement supérieur, une position prétendument neutre ne ferait que perpétuer la position dominante d’orateurs traditionnellement privilégiés, tout en permettant aux universités d’entretenir un silence, certes plus commode du point de vue financier et des relations publiques[2].
Malgré leurs divergences idéologiques, la droite et la gauche commettent la même erreur à propos de la neutralité institutionnelle. Elles supposent toutes deux que la neutralité institutionnelle sert à limiter l’expression politique dans les universités. Or il n’en est rien. Je propose ici l’idée que la neutralité institutionnelle, bien comprise, limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. C’est là une distinction fondamentale, souvent ignorée dans les polémiques récentes.
Pour éviter les ambiguïtés inhérentes au concept de neutralité, je plaide pour ce qu’on peut appeler (suivant une suggestion de Robert Post et Christopher Eisgruber) la réserve institutionnelle. La réserve institutionnelle signale non pas un détachement des universités vis-à-vis des questions sociales et politiques, mais plutôt une présomption d’abstention et de retenue – qui consiste à éviter de prendre position sur des questions qui ne sont pas liées à leur mission propre. La réserve institutionnelle des universités se justifie de deux manières. Elle est à la fois une condition de la liberté académique et de la liberté d’expression et – plus important encore – une garantie prudentielle contre l’emprise politique et le détournement de la mission distinctive des universités qui en découle.
Réserve institutionnelle, liberté académique et liberté d’expression
L’idée de la neutralité institutionnelle des universités est historiquement récente. Pendant près de mille ans, les Églises et les États ont contrôlé, dominé et financé les universités européennes, les utilisant comme propagandistes de leurs dogmes et de leurs valeurs. Ce n’est qu’au XIXe siècle que l’on trouve des suggestions de désaveu de la subordination des universités au politique, chez Humboldt par exemple. Et ce n’est qu’au XXe siècle que la neutralité institutionnelle est formulée comme un principe de bonne conduite universitaire[3].Outre le livre de Karl Jaspers sur L’Idée de l’université (1923), un texte clé est le mémoire sur la liberté académique rédigé par le philosophe américain Arthur Lovejoy au nom de l’organisation qu’il avait contribué à fonder (avec John Dewey), l’Association américaine des professeurs d’université (American Association of University Professors). La neutralité institutionnelle y est intimement liée au respect de la liberté académique – la liberté des universitaires de rechercher la vérité selon leurs propres normes et procédures[4].
Plus récemment, un document influent aux États-Unis est le rapport Kalven, rédigé à l’université de Chicago en 1967, à une époque où les étudiants exigeaient que l’université se désengage de l’Afrique du Sud et dénonce la guerre impopulaire au Vietnam. La fonction première de l’université, affirme le rapport, est de faciliter « la découverte, l’amélioration et la diffusion des connaissances ». À cette fin, elle doit simplement être « le foyer et le protecteur des critiques ; elle n’est pas elle-même le critique ». Si l’université adopte des positions collectives, affirme le rapport, elle le fait au prix de la censure de toute minorité qui n’est pas d’accord avec le point de vue adopté. Ainsi, la neutralité de l’université en tant qu’institution favorise en fin de compte « le respect de la libre investigation et l’obligation de chérir la diversité des points de vue ».
Des versions des recommandations du rapport Kalven ont récemment été adoptées par certaines universités américaines désireuses d’annoncer à la fois leur neutralité politique et leur engagement en faveur de la liberté d’expression et de la libre investigation sur le campus.
La neutralité de l’université en tant qu’institution n’est donc pas le fruit d’un manque de courage, ni d’une indifférence ou d’une insensibilité. Il s’agit d’un engagement positif, dérivé des principes qui sous-tendent la mission de l’université : faciliter le plus grand nombre possible de débats et de discussions à partir d’une variété de perspectives contradictoires. La neutralité institutionnelle sert donc à protéger à la fois la liberté académique et la liberté d’expression. Une université attachée à une orthodoxie politique particulière porterait atteinte au droit des professeurs à enseigner et faire de la recherche comme ils l’entendent, poursuivre de nouvelles lignes d’investigation, poser de nouvelles questions.
La liberté académique est garantie par une double indépendance. Les universités doivent être autonomes par rapport aux institutions politiques telles que les exécutifs, les législatifs et les tribunaux ainsi que par rapport aux pouvoirs économiques tels que les grandes entreprises et lobbies. Et les universitaires doivent être isolés des administrateurs de leur université – qui ne peuvent pas influencer le contenu de leurs recherches ni la manière dont ils enseignent[5].
Outre la liberté académique, la neutralité politique des universités facilite également la liberté d’expression de tous leurs membres, y compris les étudiants. Dès lors qu’une université (ou, plus précisément, ses hauts responsables) prend publiquement position sur une question controversée, elle risque d’entraver l’échange libre d’idées en son sein. La neutralité institutionnelle protège le droit des étudiants et des enseignants à participer en tant qu’individus à l’action politique et à la contestation sociale, à la fois sur le campus et dans les espaces extra-muros, sans avoir à craindre la censure politique ou les sanctions disciplinaires. L’expression libre au sein des universités peut et doit être dérangeante – leur vocation est de rendre possible la remise en question, et potentiellement la subversion, de toutes les idées. La liberté académique et la liberté d’expression en général semblent incompatibles avec l’imposition d’une orthodoxie institutionnelle.
Tant la droite que la gauche ont donc commis une erreur en louant ou en décriant la neutralité institutionnelle au motif qu’elle pourrait justifier la restriction de la liberté d’expression au sein des universités. Nous l’avons montré, la retenue des universités va de pair avec la liberté dans les universités. C’est, par exemple, parce que les universités ont refusé (ou auraient dû refuser) de s’incliner devant les pressions politiques qu’elles peuvent défendre des universitaires controversés[6], du propalestinien Edward Saïd à Columbia au philosophe utilitariste radical Peter Singer à Princeton, jusqu’à (plus récemment) la féministe critique du genre Selina Todd à Oxford ou l’eugéniste « réaliste de la race » Nathan Cofnas à Cambridge.
C’est parce que les universités doivent respecter les libertés académiques des chercheurs qu’elles devraient s’abstenir d’influencer le contenu des programmes, même lorsque les sujets enseignés sont politiquement controversés.
C’est parce que les universités ne doivent pas prendre parti sur les mérites de telle ou telle cause qu’elles ne doivent pas réprimer des manifestations simplement parce qu’elles réprouvent les opinions des manifestants.
Quelles que soient les bonnes raisons de limiter la liberté d’expression à l’université, elles ne sont pas imposées par la neutralité institutionnelle, ou n’en découlent pas. Certes, l’expression au sein des universités peut être limitée lorsqu’elle enfreint la loi ou lorsqu’elle est incompatible avec la mission des universités. Mais c’est une erreur de penser qu’elle peut être limitée au nom de la neutralité politique.
La neutralité institutionnelle offre au contraire une protection pour la liberté académique et de la liberté d’expression. Mais en est-elle pour autant une condition sine qua non ? Après tout, il n’est pas évident que seules les universités qui respectent la neutralité institutionnelle soient capables de protéger efficacement la liberté académique et la liberté d’expression. Une distinction cruciale s’impose entre l’expression soutenue par des moyens coercitifs et l’expression non soutenue par des moyens coercitifs. Il est évident qu’aucune université ne devrait imposer des opinions partisanes à ses membres de manière coercitive. Les universitaires doivent être protégés contre les actions coercitives telles que les renvois, les licenciements, les refus de titularisation ou l’intimidation pour des raisons politiques. De même, les étudiants ne devraient pas faire l’objet de mesures disciplinaires simplement parce que l’université réprouve leurs opinions politiques.
Toutefois l’expression officielle de l’université peut également être non coercitive – et dans ce cas, ses effets sur la liberté sont plus diffus, voire inexistants. Si une université adopte une position politique publique sans pour autant contraindre ou réduire au silence ses membres adoptant un point de vue dissident, il n’est pas certain que cela nuise automatiquement à son fonctionnement intellectuel normal. La question essentielle est de savoir comment les universités traitent les dissidents et non ce qu’elles disent. Fait révélateur, certaines universités ayant une éthique religieuse – de Notre Dame dans l’Indiana à l’université catholique de Louvain – ne protègent pas moins la liberté d’expression de leurs membres que les universités laïques. Les universités qui affirmeraient leur solidarité avec telle ou telle cause internationale pourraient de même tout à fait respecter l’expression d’opinions contraires en leur sein.
Il en ressort que si le discours coercitif de l’université constitue une atteinte réelle pour la liberté de ses membres, la relation entre expression non coercitive et menace sur la liberté n’est pas évidente et dépendra de circonstances contingentes. Qu’advient-il dès lors de notre argument conceptuel en faveur de la neutralité institutionnelle ? Il semble que l’argument de la liberté ne soit pas aussi convaincant que nous l’espérions. Pour être pleinement justifiée, la neutralité institutionnelle doit être défendue sur une autre base.
Réserve institutionnelle, captation politique et mission de l’université
Proposons l’argument prudentiel suivant. Une université qui s’engage à faire preuve de réserve institutionnelle sera mieux à même de repousser les tentatives de captation et de contrôle dans un contexte où la poursuite de sa mission est de plus en plus contestée par les politiciens, administrateurs, bailleurs de fonds et médias. Les universités se devraient de maintenir une position de réserve institutionnelle afin de se concentrer sur la poursuite de leur mission propre : la recherche de la vérité au sein d’environnements éducatifs inclusifs.Plusieurs points méritent d’emblée d’être soulignés à propos de cette conception de la réserve institutionnelle. Elle reconnaît que les universités ne sont pas des institutions sans valeurs, mais qu’elles poursuivent au contraire des missions distinctement non neutres (d’où ma préférence pour le terme réserve plutôt que pour celui de neutralité). D’autre part, la présomption de silence des universités est strictement spécifique à un domaine : elle ne s’applique qu’aux questions qui ne sont pas liées à leur mission. Cela signifie que les universités peuvent légitimement prendre position sur des questions politiques et sociales externes qui ont un impact sur leur mission. Cela signifie également que, dans la poursuite de leur mission en interne, les universités ne sont pas tenues à un devoir de réserve institutionnelle – en particulier, leur mission spécifique peut les autoriser à réguler l’expression de leurs membres.
D’évidence, l’argument en faveur de la réserve institutionnelle n’est absolument pas que les universités seraient des institutions apolitiques. C’est précisément parce que la poursuite par les universités de leur mission propre est politiquement saillante et contestée qu’il n’est pas dans leur intérêt d’être distraites par des questions qui ne sont pas essentielles à leur mission.
Le principe de réserve institutionnelle stipule que les universités ne doivent pas prendre position sur les questions sociales et politiques du jour sauf si elles affectent la poursuite de leur mission. Par exemple, les universités doivent s’abstenir (en général) de faire des déclarations officielles sur les décisions de justice, les élections, les guerres, la législation ou les mouvements sociaux du moment. Elles ne devraient pas se prononcer (en général) sur la politique pénale ou fiscale, la légalité de l’avortement ou de l’euthanasie, la guerre russe en Ukraine ou le conflit israélo-palestinien. Si les universités doivent être des lieux où ces questions sont vigoureusement débattues, elles ne doivent pas chercher à élaborer une position collective à leur sujet.
La prise de position politique par les universités présente en effet trois risques distincts. Le premier est celui de l’arbitraire. Contrairement aux gouvernements, les positions politiques des universités sont surérogatoires (non obligatoires) et discrétionnaires (non liées à des critères et des normes préalables). La sélection de leurs causes favorites sera forcément arbitraire. Pourquoi la solidarité avec l’Ukraine mais pas avec Gaza ? Pourquoi la solidarité avec Gaza mais pas avec les Ouïgours ? etc. Bien entendu, les accusations d’incohérence ou d’hypocrisie en matière de politique étrangère sont régulièrement portées à l’encontre des gouvernements. Il reste que ces derniers sont politiquement responsables, ce qui n’est pas le cas des universités.
Le deuxième risque pour les universités est celui de la captation. Une fois que les universités commencent à prendre des positions publiques, elles risquent de voir leur prestige accaparé par les plus offrants ou les plus bruyants, et leurs dirigeants devront faire face à une pression incessante de leurs membres, autorités de tutelle ou bailleurs de fond. Au lieu de défendre la vérité face aux pouvoirs de toute sorte – une tâche que les universités sont particulièrement bien placées pour accomplir –, les institutions académiques pourraient finir par consacrer trop de temps et d’efforts à être les meilleures amies du pouvoir[7].
Le troisième risque pour les universités est celui de la distraction. Les universités qui dépenseraient temps, ressources et énergie dans des activités qui ne sont pas directement liées à leur mission feraient face à des coûts d’opportunité importants. Elles s’engageraient dans des négociations interminables pour rédiger des communiqués officiels, compromis inefficaces de généralités et de platitudes – au détriment du travail intellectuel rigoureux qui est la raison d’être des universités.
Les risques d’arbitraire, de captation et de distraction se cristallisent dans un danger plus large, celui de la décrédibilisation des universités à mesure qu’elles perdent la bonne volonté et la confiance qui sont essentielles à leur autonomie institutionnelle. Les universités militantes risquent d’être soumises à des niveaux croissants de contrôle externe si les politiciens, les administrateurs et les médias s’en prennent à leur politisation apparente ou réelle. Ce danger de décrédibilisation est d’autant plus pressant que les universités sont actuellement le point focal de « guerres culturelles », où est critiqué leur parti pris supposément de gauche.
Si les universités souhaitent continuer à poursuivre leur mission avec l’indépendance et la sérénité dont elles ont besoin, il est dans leur intérêt de se concentrer sur la poursuite de leurs objectifs épistémiques et éducatifs spécifiques. Ceux-ci ne sont pas neutres, au sens ordinaire du terme : ils impliquent des pratiques contestées, telles que la discrimination entre les bons et les mauvais arguments, la défense de lignes de recherche impopulaires, et des efforts positifs pour corriger les inégalités d’accès et de participation à l’enseignement supérieur. Dans un contexte de campagne idéologique concertée contre la poursuite de ces objectifs par les universités (sous la bannière douteuse de l’« antiwokisme »), la priorité des universités devrait être de défendre leur mission, et non de fournir des munitions à l’ire des critiques. Tel est, en substance, le cœur de l’argument prudentiel en faveur de la réserve institutionnelle – un argument susceptible de convaincre même les sceptiques de gauche.
Dans la poursuite de leur mission, l’expression des universités n’est pas neutre, mais n’enfreint pas pour autant l’obligation de réserve institutionnelle. Distinguons trois domaines où l’université peut, et parfois doit, prendre position et où l’injonction selon laquelle elle devrait être « institutionnellement neutre » est inopérante. Premièrement, les universités peuvent prendre position sur les questions sociales et politiques externes qui affectent la poursuite de leur mission. Cette exception au principe de neutralité institutionnelle a également été relevée par le rapport Kalven.
Quelques exemples. Dans les contextes de conflits et de crises à l’étranger, les universités apporteront naturellement leur soutien à leurs étudiants, enseignants et personnel directement touchés par les guerres – ou autres catastrophes. Les universités peuvent également prendre légitimement position sur les politiques de l’enseignement supérieur (tel le soutien gouvernemental à la recherche) ou sur les politiques d’immigration lorsqu’elles affectent leur recrutement (comme les restrictions en matière de visas pour les étudiants étrangers). Elles peuvent également faire preuve de solidarité avec les universitaires du monde entier dans le cadre de leur engagement général en faveur de la défense de l’enseignement supérieur.
Des questions peuvent également être légitimement posées sur les politiques d’investissement des universités : dans les domaines où l’université doit agir en tant qu’entreprise sur le marché – lorsqu’elle possède des biens ou reçoit des fonds –, elle ne peut éviter de discuter de la légitimité éthique de ses engagements financiers.
Enfin, les universités peuvent exprimer leur soutien à des causes sociétales importantes dans la mesure où ceci les aide à corriger des défauts structurels dans la poursuite de leur mission elle-même. Ce fut le cas, par exemple, des mouvements LGBTQ+, Black Lives Matter et #MeToo, qui ont amené les universités à reconsidérer douloureusement leur capacité à fournir un environnement éducatif inclusif dans un contexte d’injustices structurelles persistantes.
Le deuxième domaine dans lequel l’expression universitaire n’est pas neutre, dans le sens où elle favorise naturellement certains points de vue par rapport à d’autres, est la priorité qu’elle accorde à la liberté académique par rapport à la liberté d’expression. Alors que la liberté d’expression protège le droit égal de chacun d’exprimer ses convictions dans les échanges privés et sur la place publique, une des caractéristiques de la liberté académique est qu’elle protège le droit plus spécifique d’experts accrédités de discriminer entre bonnes et mauvaises idées sur la base de leur expertise disciplinaire.
Dans des pratiques telles que l’enseignement, la recherche, l’évaluation des étudiants et des pairs, la délivrance de diplômes, les universitaires dévaluent régulièrement les points de vue qui ne répondent pas aux normes académiques attendues. Comme le dit bien Michele Moody-Adams, la non-neutralité est à la fois un droit et un devoir de la liberté académique[8]. Les universitaires ne sont pas tenus de rechercher un « équilibre des points de vue » dans leur enseignement ou leur recherche : la seule norme pertinente est la rigueur scientifique. Sur la réalité de l’Holocauste, le changement climatique ou l’efficacité des vaccins, il n’y pas de place (à l’université) pour ceux qui rejettent les fondements épistémiques des disciplines académiques – même quand ils bénéficient par ailleurs de la pleine liberté d’expression dans la sphère publique au sens large.
Le troisième domaine dans lequel l’expression officielle des universités n’est pas neutre est quand elle vise à créer un environnement éducatif inclusif. D’évidence, les universités doivent censurer les discours interdits par la loi : ceux qui harcèlent, incitent à la violence, menacent ou discriminent, en particulier sur la base de caractéristiques protégées telles que la race, le sexe, la religion ou la sexualité.
Certes, il existe des différences nationales significatives dans ce domaine : les pays européens répriment et les États-Unis protègent les discours de haine. Mais la question se pose de savoir si les universités devraient simplement appliquer le droit existant ou bien s’efforcer, au travers de leurs règlements et codes internes, de créer des environnements éducatifs inclusifs, dans lesquels les groupes défavorisés – les groupes structurellement désavantagés dans leur accès et leur participation à l’enseignement supérieur – ne seraient pas systématiquement intimidés, mis à l’écart et réduits au silence. Ces codes sont souvent perçus comme symptomatiques du développement d’une « cancel culture » qui porterait atteinte à la liberté d’expression en imposant une idéologie du politiquement correct conformiste et anti-intellectuel.
Sur ce vaste et épineux sujet, je me contenterai de faire trois remarques. D’une part, l’annonce de la mort de la liberté d’expression sur les campus a été largement exagérée. La montée en épingle de divers incidents a contribué à alimenter une panique morale sur l’état des universités, diagnostic qui reflète imparfaitement l’expérience de ceux et celles qui y travaillent ou étudient[9].
D’autre part, on ne peut nier la tendance, chez de nouvelles générations d’étudiants, à exiger que les universités soient des « espaces sûrs » (safe spaces) les protégeant de l’exposition à des idées dérangeantes ou offensantes. Or les universités ne sont pas là pour rendre les idées inoffensives pour les étudiants, mais bien pour permettre aux étudiants d’affronter les idées – elles devraient être des brave spaces, non des safe spaces. On frémit à l’idée que les administrateurs d’universités – souvent terrifiés par les pressions médiatiques ou les réflexes consuméristes des étudiants – aient le pouvoir de réprimer les discours qu’ils jugent offensants, stigmatisants ou victimisants ou les discours qui (à l’inverse) réduiraient au silence les critiques du « politiquement correct ».
La limitation coercitive de la liberté d’expression doit être réservée aux cas flagrants de discours qui, en niant l’humanité de l’autre, empêchent les personnes visées de participer au débat en tant que membres à part entière de la communauté éducative[10]. C’est sur cette base que l’expression des suprémacistes blancs, antisémites notoires et misogynes extrémistes peut légitimement être interdite sur les campus universitaires étatsuniens, dans la mesure où elle réduit effectivement au silence les Noirs, les pancakes ou les femmes. Le préjudice objectif que représente le fait d’être réduit au silence est très différent du simple désagrément que constitue le fait d’être soumis à des idées déstabilisantes ou dérangeantes.
Pour le reste, à l’université, la meilleure réponse au mauvais discours sera le plus souvent plus de discours plutôt que moins de discours. Les enseignants ont à leur disposition toute une palette de pratiques non-coercitives visant à l’inclusivité. Ils ne devraient pas utiliser le concept de safe space pour censurer l’expression d’idées jugées offensantes pour les étudiants, mais ils peuvent créer des safe spaces dans le cadre de l’enseignement, qui garantissent que tous les étudiants se sentent libres d’exprimer le plus large éventail d’opinions sans être punis, harcelés ou condamnés. Les campus peuvent sensibiliser les étudiants et les enseignants aux préjugés inconscients et à l’impact que peuvent avoir certains mots, tels les épithètes sexistes ou racistes, sans avoir à contrôler les « micro-agressions ». Bref, il existe une différence essentielle entre la promotion de normes de civilité dans l’expression et l’imposition de normes par la censure ou la punition.
Les universités elles-mêmes peuvent déployer un contre-discours pour condamner les discours de haine les plus flagrants en leur sein. Même si cela réduit certaines voix au silence – la frontière entre expression et coercition est ténue –, il peut s’agir d’une réduction au silence légitime dès lors qu’elle sert la mission éducative de l’université[11].
Ces remarques rapides ont eu pour but d’illustrer le point suivant. Dans les cas (étroitement spécifiés) où l’expression des enseignants et des étudiants peut être légitimement limitée, ce n’est pas en vertu de la « neutralité institutionnelle » des universités, et encore moins en vertu de leur engagement en faveur d’un « équilibre des points de vue » entre les différentes opinions idéologiques.
Les universités ne devraient pas invoquer la neutralité pour réprimer les manifestations étudiantes – un exercice légitime de la liberté d’expression – tant que ces dernières sont pacifiques, exemptes de discours de haine et ne bloquent pas l’accès aux cours. Elles ne peuvent pas non plus invoquer la neutralité pour contester la censure d’orateurs incompétents sur le plan scientifique – les universités peuvent se livrer à une discrimination des discours, compte tenu de leur mission spécifique. Enfin, la neutralité ne peut pas être opposée aux initiatives d’éducation inclusive – les universités ne sont pas neutres quant à leur engagement substantiel en faveur d’environnements éducatifs inclusifs. Les pratiques des universités peuvent certes être critiquées dans tous ces domaines. Mais elles doivent l’être sur la base d’arguments de fond, non par appel à une neutralité inopérante.
La réserve institutionnelle limite l’expression des universités, mais non la libre expression dans les universités. Si les universités sont en droit de limiter certaines formes d’expression en leur sein, ce n’est pas du fait de leur obligation de réserve. Les universités ne sont pas tenues à la réserve lorsqu’il s’agit de poursuivre leurs missions propres telles que la défense de la liberté académique et la promotion d’environnements éducatifs inclusifs. Les universités devraient être plus modestes dans leurs prises de position politiques externes, mais aussi plus fermes dans la défense de l’intégrité de leur mission éducative et de recherche.
NDA : Mes remerciements à Charles Girard, Justine Lacroix et Daniel Sabbagh pour leur relecture attentive de ce texte.
Cécile Laborde, Poliste
Politiste, Professeure à l'université d'Oxford, membre de la British Academy et de l'Académie royale de Belgique
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Ou est Bidule pour crier sur la gabegie, l'argent public gaspillé, le socialisme rampant ?
Ici. J'ai soufflé ouais. N'importe quoi putain.
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