God bless America (Page 2 sur 2)

mes slips griffés "mic20010"

Contre-exemple :

Gare de Strasbourg, two months ago.
Avant le départ du train je descends m'en griller une petite dernière.
Un, deux, trois essais. Non. Décidément c'est pas facile d'allumer un briquet face au vent.
Je me retourne face au wagon, recommence le geste et là pause : "Heu c'est pas ma valise
que je viens de voir passer là ?". Immédiatement je monte, vérifie... plus de valoche...

Hmm, ok, le mec s'est ptêtre gourré, on garde son sang-froid. Je vais calmement à sa rencontre, un demi-wagon plus loin :
- "Excusez-moi je crois que vous vous êtes trompé de valise monsieur", lui dis-je pausément, une main sur le bras libre, l'autre sur la poignée de ce qui est bien MA putin de valise. Le gars se retourne, visiblement grammé à souhait, il tente de me dire quelque chose dans un murmure incompréhensible aux relents de bourbon mal déglutis, l'air pas commode le type.  Il proteste pas, j'ai ma valoche en main et tout ça sans heurts, c'est l'essentiel.

De retour dans mon wagon je croise un contrôleur et lui signale la présence d'un passager bien imbibé qui semble confondre le train avec l'armée du salut. Je lui donne une vague description.

- "Ok, merci monsieur, je vais voir ce que je peux faire".

La peur de me faire chourer mes bagages (y'a toute ma vie dans cette valise : mon laptop, mon code civil, mes slips griffés "mic20010") est plus forte que mon envie de fumer du coup. J'attends au chaud, valise sous le pied, que ce putin de train démarre enfin.

Les minutes passent. Je laisse rien transparaitre mais je suis quand même sur le qui-vive.
Une odeur familière se rapproche, je me retourne et là qui vois-je passer à côté de moi !

- "Hey mais tu serais pas l'enculay qui tente de voler les honnêtes étudiants qui rentrent chez eux le week end ?",
ai-je envie de gueuler subitement. Mais bon le gars est quand même bourré, auvergnat de surcroit, et je me souviens m'être fait tabasser pour moins que ça.
En bon lâche qui efface ses posts, je rengaine mes couilles et l'observe.

Le gars se dirige tranquillement en titubant vers l'extrêmité du wagon, s'arrête vers les portes-bagages, prend un sac de voyage assez énorme et se casse.
J'ai du mal à croire qu'un voleur puisse être con au point de commettre le même délit dans le même wagon en l'espace de 5 minutes. 
Pourtant je le vois descendre et se diriger vers la sortie du quai avec un sac qui n'est surement pas le sien et là quand même, mon âme de super-citoyen commence méchamment à me chatouiller les testicules.
Je me lève et harrangue le wagon : "Dites, ce serait pas à l'un d'entre vous le sac de sport Kirikou qui se fait la malle ?".
Là une pute bardée de colliers de perles en bois ikea qui fleure bon la mode commerce équitable (surement une étudiante en lettres) se lève et gueule fine hystérique "[size=15]OH PUTAIN MAIS C'EST MON SAC !!!!
[/size]"

Même topo, elle le rattrape, tente de récupérer son bien mais cette fois-ci le batard résiste. Sur le quai n°7 deux cancrelats se battent pour un sac orné d'un bamboula kekette à l'air. Le wagon entier à les yeux rivés sur cette scène insolite mais personne ne se lève pour porter secours à l'Esmeralda des temps modernes. Je savoure.

Entre temps, mon pôte le contrôleur vient me demander si c'est bien le gars dont je lui parlais. Je confirme, il dégaine son talkie :
- "Mayday, mayday, incident quai number seven, need backup".

Trente secondes plus tard une demi-douzaine de condés débarquent, main sur le holster et encerclent le comique du jour. Immobilisation, plaquage au sol, menotage... excitation dans le wagon qui apprécie le travail des forces de l'ordre.
A travers la vitre le contrôleur qui parle à un des flics me montre du doigt. Le flic monte.
Je F34r grave. Avec ma gueule de métèque ils vont encore croire que je suis son complice, ma carrière de juriste est fouttue, maman pourquoi moi ? NOOOOOOOOOOES !

- "Monsieur descendez du wagon svp.
- "Qui ? Moi ? Je, euh... mais...  j'vous jure m'sieur l'agent je suis pas l'auvergnat que vous croyez ! C'est lui là, LUI !
Moi je suis comme tout le monde, je mange du ralouf, je fais pas le ramadan et mon zguègue là, regardez-la ma bite !! EH OUAI ELLE EST ENTIERE MA BITE !! HAHAHAHAHAHA."

(hum, reprenons)

Je descends du wagon comme on me l'a demandé et on me demande d'identifier Mr Epave tenu à bout de bras par deux policiers.

- "Oui c'est bien le fils de pute qui a essayé de me voler mais grâce à mon courage et à mon incroyable paire de couilles j'ai subtilement réussi à...
- Ok, c'est bon ta gueule. Est-ce que vous-voulez porter plainte ?
Je réfléchis quelques secondes.
- Non.
- Et on peut savoir pourquoi ?
- Ben, si le type bourré là est désespéré au point de voler des bagages dans les trains, j'imagine d'une part qu'il est pas solvable. Donc pour des dommages intérêts je pourrai toujours me brosser. De deux, attendre un an et demi pour que la justice rende sa décision (et encore, si le mec fait pas appel), ca me botte pas tant que ça et j'ai d'autre soucis plus importants là.
De trois, j'ai pas envie que dans trois jours, ce mec me retrouve et me lascère la bite au couteau de cuisine.
- Ok. (Il semble avoir compris ce que je viens de lui dire mais en fait non, il a rien pigé à mon raisonnement et doit me prendre sérieusement pour un con).
Il se tourne vers Miss Kirikou et lui pose les même questions. Elle par contre,  décide de porter plainte et tout ce joyeux petit monde se retire.
Je remonte dans le wagon, le train démarre. Pendant le trajet je me dis que finalement j'ai pas eu tort de laisser couler. J'arriverai chez moi à l'heure, fidèle au poste pour troller sur l'asile.

THE END.