Sujet : Eurêkaka
Le cacamerounais : un essai mou sur ma merde, sans images et en petits caractères.
La différence majeure entre les deux continents européen et africain c’est surtout au niveau de la consistance de mon caca. Je pense que l’analyse du caca devrait être obligatoire dans les sciences molles, alors que pour l’instant l’analyse de la merde s’arrête aux sciences dites dures. Une approche constipée de la question. Quel point commun entre TOUS les êtres humains ? Le caca. C’est une référence universelle. Une analyse du caca permet déjà de mieux comprendre certains phénomènes culturels, socio-économiques. Certains l’avaient compris.
« La science, après avoir longtemps tâtonné, sait aujourd'hui que le plus fécondant et le plus efficace des engrais, c'est l'engrais humain. Les Chinois, disons-le à notre honte, le savaient avant nous. Pas un paysan chinois, c'est Eckeberg qui le dit, ne va à la ville sans rapporter, aux deux extrémités de son bambou, deux seaux pleins de ce que nous nommons immondices. Grâce à l'engrais humain, la terre en Chine est encore aussi jeune qu'au temps d'Abraham. Le froment chinois rend jusqu'à cent vingt fois la semence. Il n'est aucun guano comparable en fertilité au détritus d'une capitale. Une grande ville est le plus puissant des stercoraires. Employer la ville à fumer la plaine, ce serait une réussite certaine. Si notre or est fumier, en revanche, notre fumier est or. Que fait-on de cet or fumier ? On le balaye à l'abîme. »
Mais maintenant l’analyse de la merde se limite à quelques meme stupides d’adolescents décérébrés, alors que c’est un outil scientifique de premier choix.
Comment l’observation du fond d’une cuvette de chiottes camerounaise m’en a appris sur la Vie ?
Le caca comme témoin de notre société décadente
La chiasse, c’est aussi parce que nos estomacs sont habitués à de la bouffe bourrée de conservateurs, irradiés, aspergés, aseptisés. E-coli c’est la sélection naturelle, c’est tout. En cas d’apocalypse on aura l’air cons en Europe.
Le caca comme témoin de notre connerie hypocrite néo-raciste et amicale.
Vous verrez beaucoup de blaireaux en sarouels et en chemise à motifs typiques dire « J’adooore l’Afrique. » avant d’aller dans un restaurant occidental ou, dans le pire des cas, manger « traditionnel » chez une famille de bourges camerounais. A part les chinois et moi, parce que je suis un mec trop ouvert d’esprit et du fion, je n’ai jamais vu un seul blanc bouffer dans la rue. Il y en a sûrement, mais une proportion ridicule. Un blanc super bronzé avec des chemises à motifs c’est un noob. Les vrais sont pâles et bien sapés. C’est pas parce qu’on est en Bretagne qu’on doit porter une coiffe et aller tous les soirs au fest-noz. Et rangez ces tamtams.
Le plus drôle, c’est que eux auront les pires chiasses de l’histoire, parce qu’un restaurant « occidental » dans ces pays-là ça veut dire des produits périmés, recongelés, décongelés, la dysenterie assurée. Dans la rue, les plats à base de viande sont toujours bouillis par exemple. C’est donc beaucoup plus sain et économique de se bâfrer dans la rue pour pas cher que de claquer une blinde pour des plats dégueus et infectés. Pour 80 centimes d’euros, je peux avoir une assiette monstrueuse de riz, de pâtes, avec une cuisse de poulet, et une sauce d’arachide ou au piment hyper-nourrissante.
En plus, les plats marrants se trouvent dans la rue : la viande de brousse par exemple. Tout ce qui est sur pattes se bouffe. Singe, pangolin, iguane, porc-épic, lézard, vipère, chien et j’en passe. Les camerounais assument d’être au sommet de la chaîne alimentaire. Si on vous propose du « lapin » faites gaffe, c’est le nom de code pour dire du chat.
J’avoue avoir fait bouffer du singe boucané à un hippie dégueu qui attendait de débarquer dans le National Geographic, gratuitement. « C’est du bœuf séché, c’est typiquement peul ». Bouffe pétasse. Faut dire que je suis devenu raciste entre temps.
Alors oui au début quand on mange dans la rue on a la chiasse. Mais une fois que l’estomac est habitué, c’est bien plus charismatique de manger du pangolin, du ndole et du makabo qu’aller dans les « restaurants français » qui pullulent partout pour les diplomates et les petits cons en sarouels d’ONG.
La symbolique du caca, de l’anus et du prout
En Europe, il est bon ton de chier de beaux étrons bien moulés. « C’était un perfect ! » « J’avais pas envie qu’il repasse dans l’autre sens celui-là ! ».
Au Cameroun, le caca mou est la norme. Un homme véritable doit chier régulièrement et péter à foison. Je laisse la parole à un ami camerounais :
« Nous on pète comme des mitrailleuses, parce qu’on choppe les wê charismatiques. Le manioc, le makabo, le ndole. Vous les blancs vous mangez des trucs constipants. Ca fait mal quand ça sort. C’est pour ça que vous aimer vous faire enculer. Vous mangez trop la farine. Nous on aime l’odeur de la bouffe, vous celle de la bite. Qui dit la farine dit constipation. »
Ne vous vantez pas d’avoir chié un perfect en présence de camerounais, vous passerez pour une tante. Dans un pays où enculer des hommes est puni de 5 ans de prison, c’est pas tip-top. Pour un dire un expatrié, un blanc, un homo (c'est la même chose) on dit d'ailleurs "il est constipé".
Cette analyse se limite au Cameroun. Comme disait l’autre, à part la notion géographique, l’Afrique n’existe pas. Un sénégalais au Cameroun sera sûrement pris d’une énorme tourista lui aussi. Sans compter la joie suprême pour un blanc quand dans le box voisin on entend un tchadien fraîchement arrivé avoir la chiasse. Alors que vous ça va parfaitement bien, et comme vos étrons, vous vous la coulez douce.