Zeuch, tu as raison, ma salle n'a rien a voir avec un vrai cinéma, c'est dix fois mieux, car l'acoustique est maîtrisée, chose impossible pour une salle de cinéma offrant 200 sièges...
Pour avancer sur le sujet, voici la suite :
Les 3 piliers du Home Cinema :
- ISOLATION
- TRAITEMENT
- MATERIEL
L'ordre est a respecter : achetez un ampli à 50.000 boules et posez le dans un salon en carrelage avec une enorme baie vitrée, et il sonnera comme un Philips à 200 euros acheté à Darty. Le but d'une salle dédiée est de reproduire le plus fidèlement possible l'oeuvre du réalisateur; il n'y a donc en théorie aucune place pour nos goûts personnels, mais uniquement une approche scientifique sur l'acoustique et le traitement vidéo pour une restitution sans déformation.
En d'autres termes, 80% du résultat dépend du traitement de la salle, et seulement 20% du matos. La plupart des cinéphiles claquent tout le budget dans l'ampli et les enceintes, ce qui donne des résultats catastrophiques.
Donc 1ere étape : ISOLER.
Isoler ca veut dire empêcher les bruits extérieurs de rentrer dans la salle (rien de pire que d'entendre la chasse d'eau des voisins ou telefoot quand on regarde un film dramatique), mais aussi empêcher le vacarne de notre film de sortir de la pièce (pour éviter des conflits avec ces fameux voisins, ou regarder tranquillement un blockbuster la nuit pendant que les enfants dorment).
L'isolation n'est pas simple et coûte beaucoup s'espace, car les lois de la physique demandent des murs massifs pour atténuer la propagation acoustique.
La réalisation idéale est la fameuse 'boite dans la boite' (principe du masse-ressort-masse), c'est a dire qu'a partir des murs bruts d'une salle on fabrique un nouveau plancher posé sur des plots antivibratiles, puis des cloisons et un plafond reposant uniquement sur ce plancher sans aucun autre contact avec le reste de la maison. C'est techniquement très difficile de correctement le réaliser: il faut vraiment considérer cette réalisation comme un sous-marin qui ne souffrirait d'aucun défaut d"étanchéité pour plonger dans les grands fonds.
Pour ma part je n'ai encore jamais vu de telle réalisation, aucun récit sérieux sur le net montrant toutes les étapes de cette réalisation; c'est généralement réservé aux plus fortunés passant par des professionnels.
Notons également qu'un tel système alourdit sensiblement la charge du plancher brut, donc quasi impossible de faire cela dans des appartements parisiens.
Pour ma part je n'ai pas besoin d'isoler la salle des bruits extérieurs puisque je vis dans un environnement calme, mais je souhaitais tout de même laisser les enfants dormir la nuit; impossible de mettre en place la boite dans la boite car la hauteur sous plafond de ma sale brute ne le permettait pas (car après isolation + traitement acoustique il aurait fallu ramper dans la salle) : comme les murs de la salle sont en parpaings de 20cm d’épaisseur et que les chambres sont à l'autre bout de la maison, le résultat est satisfaisant.
2eme étape : TRAITER.
Si la salle n'est pas traitée alors la bande son sera perturbée : imaginez quelqu'un qui parle dans une église avec de l'echo, c'est insupportable et inaudible! Imaginez un coup de feu tiré a droite du spectateur mais qu'on entend de partout, c'est inadmissible!
Il faut donc supprimer au maximum toutes les actions parasites de la salle pour clarifier la bande son et que le systeme surround fonctionne correctement. Le traitement consomme aussi beaucoup d'espace, donc ce sera toujours un compromis entre l'efficacité du traitement par rapport à l'espace qu'il reste pour s'asseoir.
On confond souvent traitement et isolation: ce sont deux notions bien distinctes, voire opposées
L'autre partie du traitement consiste a immerger le spectateur dans le film d'un point de vue visuel : il faut eviter que la lumiere de l'ecran ne se reflechisse ailleurs, ce qui risque non seulement de distraire la personne qui regarde, mais fait egalement baisser le constraste de l'image: en effet, puisque la toile de l'ecran est blanche, en prenant un cas extrême si on regarde un film en pleine lumière on ne peut pas avoir de zone sombre, donc l'ecran est illisible.
Un video projecteur n'envoie pas de lumière noire, il n'envoie rien du tout si le pixel du film est noir. Voila pourquoi la salle doit non seulement être éteinte, mais aussi de couleur sombre pour eviter le reflexion de l'ecran sur les murs.
Ex: un visage éclairé dans une nuit sans étoile: les bords de l’écran sont noirs et le centre est très clair (le visage). la lumière claire diffusée par le milieu de l’écran va se réfléchir sur un mur blanc, qui lui même se réfléchira sur la partie noire de l’écran. Au final on distingue moins bien la nuit sans étoile. Voila pourquoi on recommande une pièce noire et sans fenêtre.
3eme étape : LE MATOS
Chacun ira de ses goûts et de sa perception, mais l'approche scientifique devrait être le moteur principal, puisqu'on ne cherche pas a flatter ses goûts personnels mais reproduire fidèlement une oeuvre cinématographique. Malheureusement les constructeurs se livrent dans des guerres marketings et les caractéristiques annoncées sont mesurées dans des conditions si loufoques qu'on ne peut pas facilement comparer deux produits entre eux.
Personnellement j'essaye de me fier au label THX quand ma bourse le peut, et sur les conseils de professionnels du cinéma, mais ce n'est pas évident.
Voici qui met un terme au prologue. A partir de maintenant je vais narrer la construction et agrémenter de photos. Je vous encourage bien entendu à profiter de la structure de ce récit pour poser vos nombreuses questions, qui je n'en doute pas seront toutes aussi constructives que les précédentes.