Sujet : Le problème du porno...
à mon sens, c'est que ce qu'il vend comme message excitant relève de moins en moins du sexe et de plus en plus de la domination et de la violence. Voire pire.
Or le porno est frustrant, parce qu'il promet un discours de vérité (d'où la popularité du gonzo où l'on supprime le scénario pour mettre en scène la réalité crue de la baise) mais que précisément il vend de l'artifice à des gens qui veulent de l'authenticité.
D'où, là encore, le succès des films de "débutantes" et l'appétit de l'industrie pour la chair fraîche. Celles qui sont "professionnelles", qui sont habituées ne renvoient plus la même chose.
Là où ça finit par poser problème, c'est que les gens continuent à vouloir de l'authentique, du brut, du spontané, alors que, Barthes le dit superbement dans le texte de Mythologies sur le strip-tease, c'est impossible, parce que le procédé en lui-même produit de l'artificiel. Et que ça se voit, que ça se sent.
Du coup, on arrive à la sinistre prédiction de Walter Jon Williams dans Cablé, qui est un super bouquin de SF. Dans Cablé, Sarah, un des personnages principaux, est plus ou moins une pute. Plutôt plus que moins. Et dans un passage elle parle d'une catégorie de clients: les chanvrés. Les chanvrés, ce sont des clients malades, avides d'authentique et de sensations. L'artificialité de la prostitution classique ne les intéresse pas. Ils sont la terreur des prostituées.
Parce que les chanvrés veulent du spontané. La douleur, c'est spontané. Néanmoins, quelqu'un qui est d'accord pour qu'on lui fasse mal n'aura pas les réactions authentiques souhaitées. Que faire alors?
Ne pas prévenir. Et faire très mal.
Je disais il y a quelques mois à propos de japonaises s'enfonçant des pommes dans le cul (et ça n'avait pas l'air d'être très agréable), qu'un certain porno ne vendait plus du sexe, mais de la domination et de la violence, et que la question de qualifier de torture certains actes filmés se pose.
Très franchement elle se pose de moins en moins. Pas parce que la réponse serait négative, hein.
Le dernier truc sur lequel je suis tombé n'était même pas particulièrement planqué, c'était sur redtube, et je ne filerai pas le lien.
En gros, un site nommé "étouffetoisurmaqueue.com". Une fille jeune, peut-être un peu trop maquillée. Une interview face camera "tu sais qu'on s'appelle étouffetoisurmaqueue.com, hein?" "ouais ouais, ça me fait pas peur" répond la fille "ah ouais, tu penses être une dure, toi?" réplique le commentateur.
La pipe commence, la fille fait un peu de deepthroat, elle a l'air de gérer, et puis tout d'un coup le type l'attrape par la tête, force le deepthroat et la maintient bien 30-35 secondes. Forcément quand il la lâche, elle reprend bruyamment sa respiration, mais elle a l'air de n'avoir pas trop mal encaissé, elle sourit encore.
La pipe reprend, du deepthroat de temps en temps, et puis même jeu, le type force le deepthroat et la maintient avec une main. Avec l'autre, IL LUI BOUCHE LE NEZ. Et il la maintient plus longtemps encore que la première fois. On voit l'œil affolé de la fille jeter un regard panique vers la caméra, un regard qui dit "je suis en train d'étouffer".
Il la lâche, elle met quelques instants à reprendre à peu près son souffle, et là, il lui dit "alors, toujours aussi dure?"
J'ai arrêté de regarder à ce moment là, parce qu'il devenait évident que la véritable conclusion de la scène, ce ne serait pas la faciale (ou la buccale, ou que sais-je encore), mais l'aveu, qu'il soit réel ou simulé, explicite ou implicite.
La torture ne m'a jamais fait bander.