Analyse d'Aphatie sur son blog
Sortie. Depuis hier soir, l'idée de la négociation, donc de la sortie de crise, chemine dans le dédale des grèves. Les six syndicats qui demeurent dans le conflit de la SNCF se rendront, mercredi, à la table ronde qu'organise la direction de cette enjeanrise publique. Le gouvernement ne pose plus comme un préalable l'appel à la reprise du travail qu'il exigeait encore samedi, par la voix de son premier ministre. Il n'interdira pas non plus, apparemment, que les représentants de la CGT ou de Sud reposent le problème de la durée de cotisations. Que cédera-t-il, le gouvernement, dans cette discussion où il sera représenté? Difficile à dire. Probablement rien sur les principes et probablement beaucoup sur les modalités, c'est à dire les augmentations de salaires en fin de carrières ou bien encore l'intégration de primes et autres bonifications dans le calcul des pensions. Il se pourrait bien qu'à la fin des fins, une fois tous les comptes faits, la réforme coûte financièrement davantage à la collectivité que les économies qu'entrainera la disparition des régimes spéciaux. Ce qui serait à fois ironique et désolant.
(c'est moi qui grasse)
Donc, je n'ai pas rêvé, l'ouverture de négociations permettant une sortie de la crise a bien été retardée par un préalable de fin de grève posé par le gouvernement.
A noter en fin de paragraphe un point qu'on pouvait déjà lire dans le canard enchaîné d'il y a quelques semaines, à savoir que les économies, modiques, procurées par les principes de la réforme des régimes spéciaux (en terme de volumes financiers, les régimes spéciaux, c'est peanuts) seront sans doute absorbés voire dépassés par les effets des aménagements de la réforme.
Par souci d'équilibre, je précise que sur Rue89, on a la version gouvernementale.
12h50. Tous les syndicats s'étonnent ce lundi de la date de la négociation entre les représentants syndicaux et le gouvernement. Pourquoi attendre mercredi? Chacun se renvoie la balle.
(...)
Selon le conseiller social de l'Elysée, Raymond Soubie, au micro de France Inter ce matin, le choix de la date incombe aux syndicats:
"Le gouvernement était prêt à négocier, hier, avant-hier, ce matin, ce soir, cet après-midi. (...) Il m'a semblé que c'était la majorité des organisations syndicales qui souhaitaient que ce soit mercredi et comme nous les écoutons, ce sera mercredi."
Mais là encore, c'est bizarre. On retrouve Raymond Soubie, le conseiller de l'Elysée que les syndicats trouvaient plus conciliants que Matignon. Il dit ça lundi 19 au matin. "Avant-hier", ça veut dire samedi 17. Or samedi 17, le premier ministre posait encore son préalable de reprise du travail avant les négociations.
Ce qui pose une deuxième hypothèse, après la sombre manipulation tactique: une concurrence entre deux lignes au sommet de l'executif. D'un côté l'Elysée prêt à négocier, de l'autre, Fillon et le gouvernement qui posent leur préalable.
Ou alors c'est du gentil flic méchant flic.
Bref, je continue à rien n'y comprendre.
"J’appartiens donc à la justice, dit l’abbé. Dès lors, que pourrais-je te vouloir ? La justice ne veut rien de toi. Elle te prend quand tu viens et te laisse quand tu t’en vas."