Bon après s'être écharpés à propos du lait, je vous propose une boisson bien plus fédératrice, sans lactose. C'est un genre de teinture mère qui poutre pas mal et qui était régulièrement faite par les anciens dans l'ouest (de la France, of course). Depuis, les d'jeunes boivent de la smirnoff ice et ne savent plus ce qui est bon. La boisson est tombée en désuétude mais si vous avez le moyen d'en faire, je vous le conseille vivement. Ca s'appelle le 44.
Le principe est simple. On prend un bocal de 2L du genre Le Parfait, avec fermeture hermétique.
On dépose au fond 44 pierres de sucre.
On prend une belle orange, on pratique 5 incisions. On répartit 44 grains de café dans les incisions. On balance l'orange fourrée dans le bocal.
On prend une gousse de vanille que l'on coupe en deux dans le sens de la longueur.
On benne par dessus un litre de goutte de pomme. On referme le bocal, on laisse macérer pendant 44 jours. Il faut remuer de temps en temps pendant les deux premières semaines pour aider le sucre à se diluer. C'est prêt à être bu en digestif ou à l'apéro.
Protips:
-La plupart des gens utilisent du sucre blanc. Moi j'utilise du sucre roux de canne, j'aime mieux l'arrière goût qu'il laisse. Par contre il faut remuer quotidiennement pendant les 15 premiers jours car le sucre roux à tendance à former une pellicule solide au fond du bocal, empéchant la dissolution.
-On peut rajouter une banane coupée en deux. J'en ai une tournée de deux litre qui sera prête le 15 janvier, c'est expérimental. J'ai enlevé les bananes au bout de 25 jours de macération. Elles se délitaient trop, j'ai filtré grossièrement à la passoire. Ce que je peux dire, c'est que pour l'instant le goût de l'orange est plus masqué, en bouche ça paraît plus gras. Essayez donc une tournée de classique avant de tenter des nouveautés. Au niveau de la couleur, la banane a beaucoup assombri le liquide. Plutôt que d'avoir un liquide assez doré-foncé, j'ai quelque chose de très foncé, presque noir avec de jolis reflets rubis à la lumière.
-Le nerf de la guerre: LA GNÔLE. Il faut impérativement prendre de la goutte artisanale, pas un calvados. Je m'explique: la goutte artisanale n'a pas été diluée depuis sa sortie de l'alambic. Elle tourne en général entre 55 et 65°. Le calvados est de la goutte commercialisée donc diluée pour redescendre au maximum légal de 43°. La recette, les proportions sont prévues pour un truc plus fort. Il faut essayer de trouver une goutte assez vieille, c'est encore mieux. La jeune goutte est trop virile au niveau du goût, ça masque le reste. L'idéal c'est d'avoir un tonton jean-claude porcin agriculteur du côté du nord de la Mayenne, dans l'Orne ou en Basse Normandie. Là on peut toucher un truc honnête à 7-8 euros le litre.
-Les fruits: privilégier du bio, les traitements en solution dans l'alcool c'est pas top.
-Filtrer grossièrement au bout de 30 jours à la passoire.
Je pense qu'une partie d'entre vous doit déjà connaitre le principe, mais sait-on jamais ça peut réveiller des envies chez certains. Et puis c'est toujours sympa d'avoir un bocal sur l'étagère avec un truc qui ressemble à des organes dans de l'alcool, ça fait causer les visiteurs.
Pix soon (si je met la main sur un appareil avec pourquoi pas un tripode manfroto).